Outil de traduction ~ (Très approximatif)
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Analyste: Ivan A.
Alexandre
Alice et
Nikolaus Harnoncourt, Marie et Gustav Leonhardt: réuni vers 1950, ce quatuor
historique à tous les sens du terme aura transformé son siècle. Et si, à la
différence d’Alice, Marie a quitté l'orchestre de l'époux, elle n’en est pas
moins restée une merveilleuse violoniste et un professeur éminent ‑ le seul
dont se réclame toujours Reinhard Goebel. Elle‑même disciple de Michel
Schwalbé, Kapellmeister favoride Karajan, son style ne s'est
jamais réclamé d'une école ou d'un dogme. Sa vérité: le chant. Pas ce
aaaah inarticulé que certains veulent confondre avec le cantabile. Un
chant de phrases et de mots, d’éclats et de caresses ‑ sans cri ni bluff :
pas du tout à la mode. Un chant auquel Gustav préférait la danse, et que
Marie aura déployé loin du Leonhardt Consort, dans un ensemble qui n'a rien
à voir avec celui de Jean‑Christophe Spinosi et doit son nom à une fondation
portugaise, la Casa de Mateus (sans h), proche de Vila Real.
Ce florilège pour cordes qui traverse le XVIIe siècle Biagio Marini (1650) à
Antonio Caldara (1699) voire un peu au‑delà, limite son périmètre aux basses
obstinées. Prodige que de juxtaposer ainsi chaconnes et passacailles sur
quatre notes en évitant toute redite. Régulière ou libre, joyeuse ou triste
(Chacony en sol mineur de Purcell, définition de la melancholy),
brève (Passacaglio de Maurizio Cazzati) ou ample (sixième des
Sonates à quatre de Purcell) : la chaconne n'a d'ostinato que le
principe, le sens n'étant au contraire que variation. Diversité dont les
Mateus (Florian Deuter, Andrew Manze, David Watkin !) ont fait leur devise.
Au coeur du concert, trois chefs‑d'oeuvre de Biber: la Partia III du
recueil Harmonia artificiosa, celle de la Mensa sonora, enfin
la passacaille du Rosaire pour violon seul. Quel violon! s'est dit
Jean‑Paul Combet, fondateur d'Alpha qui ouvre ainsi L’Autre Monde. D'où son
beau geste: joindre aux douze plages du CD originel (paru chez Canal Grande
en 1992) la Chaconne en ré mineur de Bach captée onze ans plus tard
(la soliste donnait naguère la date de 1999.. .) sur le prodigieux Jakob
Stainer de 1676, grave et registré comme un orgue. Où la rigueur
contrapuntique épouse la verve lyrique, où rien ne s'écoute et tout raconte.
Chaconne modèle, et familière puisque Diapason l'ajoutait à
son numéro Bach en septembre 2005, aujourd'hui couronnement d'un album
soigné (cinq textes y compris celui de 1992 signé Marie Leonhardt et un
portrait de l'artiste par Gaëtan Naulleau), dont les quelques pailles (la
chaconne pour luth de Denis Gaultier semble un solfège de Beckmesser) ne
réduisent en rien la portée. Essentiel, voilà tout.