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Diapason # 621 (02/2014)
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PAS996,
Code-barres / Barcode : 5425004849960
Analyste:
Roger-Claude Travers
On ne peut rêver programme plus judicieusement construit que celui-ci ! Chaque oeuvre connaissant, isolément une version de référence, Enrico Onofri - pilier du Giardino Armonico depuis 1987 - s’y mesure à la crème des violonistes experts en musique baroque.
A Chiara Banchini tout d’abord, toute de retenue et de pudeur dans l’Invenzione n° 4 de Bonporti. Quelle poésie ! Onofri a l’éloquence plus théâtrale, en communion avec une basse continue affûtée. Il ne ménage pas ses effets (travail d’archet à l’arraché, attaques vigoureuses) et raconte une histoire. Même écart dans la Sonata Accademica n° 7 de Veracini, entre les caresses d’archet d’Enrico Gatti, raffiné dans de délicieuses diminutions, et la ligne volubile d’Onofri, prolixe en contrastes entre le doux et le haché. Reste que ce dernier est tenté d’avaler certains traits et qu’il abuse à notre goût de pianissimos... démonstratifs!
Les ruptures expressives un peu forcées se discutent aussi dans la Sonata Accademica n° 5, plus attrayante tout de même qu’avec Elizabeth Wallfisch. Goûtez cet art d enfler le son dans l’entrée en messe di voce ! La sophistication de la basse continue complexifie la ligne, hélas !, plus qu’elle ne la souligne. La diversité et l’imagination du jeu ornemental de Leila Schayegh dans la Sonate n° 2 de Mossi font place ici à une approche plus engagée, généreuse sinon arrogante dans les doubles cordes. Pourquoi pas ? Le trio d’Imaginarium a pour lui une parfaite cohérence de propos. Dans la version primitive du « Trille du diable » de Tartini, l’entrée du violon, perturbée par les arpèges décoratifs du clavecin et le violoncelle pataud, déroute. La prise de son (très distante) n’arrange rien. Andrew Manze, lui, invitait sans continuo à une sorte de parcours initiatique qu’il balisait seul, dans une lutte intime entre la plume du Padouan et son archet. Le grain du son, proche, palpable, comme la fabrication du trille étaient impeccables. Onofri vise plutôt la performance digitale. Ses trilles ressemblent à un vol d’insecte. Impressionnants, mais pas très éloquents. Unique faux pas d’un tour d’horizon bien conduit.
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