On n’avait pas entendu Rachel Podger dans le répertoire exigeant pour violon seul depuis son enregistrement des 12 Fantaisies de Telemann en 2002. Les oeuvres ici proposées sont caractéristiques d’une virtuosité violonistique étonnamment expérimentale, mise au service d’un large éventail de possibilités expressives et rhétoriques. C’est précisément cette dimension interprétative qui semble manquer à Rachel Podger, dont le jeu techniquement infaillible peine à véhiculer la moindre émotion. Tout commence plutôt bien avec une transcription de la Partita pour flûte de Bach : jamais cette pièce énigmatique présente
en marge d’un manuscrit des Sonates et partitas pour violon n’avait sonné d’une façon si idiomatique pour l’instrument. La souplesse de l’archet, doublée d’un certain mordant dans l’attaque, atteint une simplicité ayant force d’évidence. Dans les Ayres for the violin de Nicolas Matteis, un travail sur les couleurs qu’on aurait souhaité plus constant fait une fugitive apparition dans le Passagio rotto, mais déjà le Movimento incognito manque de contrastes. La plus grande déception vient des deux Sonates de Tartini, appliquées, sans fantaisie dans les passages rapides, tandis que les cantabiles n’ont rien de cette Italianità induite par la ligne de chant. Le Thème et variations fait du sur place, plombé par cet instrument monochrome et une acoustique il est vrai assez sèche. La célèbre Passacaille de Biber ne changera pas la donne, jouée avec un détachement qu’on qualifierait de scolaire s’il ne s’accompagnait d’une justesse d’intonation irréprochable. Arrivé au terme de ce disque ennuyeux, on ne regrette pas l’absence de la Sonata da Camera de Montanari pourtant annoncée dans la notice.

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