Texte paru dans: / Appeared in: Code-barres / Barcode : 3700675500160 |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste:
Roger-Claude Travers Quel violoncelle pour Vivaldi ? La question, qui passionne les musicologues (le grand instrument de basse que nous connaissons était-il utilisé pour le répertoire soliste et les concertos ?), reçoit de Bruno Cocset une réponse plurielle: quels violoncelles ? II passe ainsi, tout au long de son florilège vivaldien, d’un modèle plus ou moins aigu à un autre, et cela dans la continuité de l’album superbe et militant « La Nascita del violoncello » (Diapason d’or, cf n°598). Une fois de plus, il a composé son programme avec le soin d’un expérimentateur virtuose en cuisine moléculaire. Textures subtiles, mélanges raffinés de saveurs, il ne recule devant aucune audace. Avouons qu’un froncement de sourcils préliminaire accueillit le Larghetto e spiritoso de l’Opus 3 n° 8 écrit pour deux violons mais servi, ici transposé, par deux violoncelles nappés d’un continuo d’orgue, contrebasse et violoncelle. Le mets, à la dégustation, est succulent, onctueux, idéalement équilibré. La métaphore gastronomique s’applique également au Largo de l’Opus 4 n°6, où l’orchestre de l’original vivaldien pour violon accompagne le clavecin (bel instrument du facteur Philippe Humeau) imaginé par Bach pour sa transcription. Pour l’Opus 3 n° 11, avec deux ténors de violon solistes, l’équilibre orchestral reste très original, avec des couleurs chaudes et vives pénétrant une matière un peu rugueuse mais pleine de charme. Dans le RV 541, la ligne de violon (transposée à la quarte inférieure) revient à un petit ténor « à la bastarda ». A un archet par partie, le RV 531 pour deux violoncelles commence sec, sans s’attarder sur l’agogique ou le pathos. Une volonté d’avancer avec naturel. Dans le Largo, le chant se fait éloquent et s’autorise quelques ornementations bienvenues. Saluons une intelligente gestion de la dynamique dans le finale. Sans-faute, enfin, pour le premier mouvement du RV 424, avec une élégante ligne soliste bien articulée sur ténor de violon à cinq cordes discrètement vibré, et une basse raffinée couplant un orgue très doux pour le liant à un clavecin pour les accents rythmiques. Goûtez en particulier la poésie du mouvement lent, niche douillette de noblesse, sérénité et profondeur. Cocset affirme aimer Vivaldi. Ce Largo ne laisse aucun doute!
|
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |