Analyste: Pierre Doridot
VIVALDI INTIME, COMPLEXE ET MÉDITATIF
Bruno Cocset et les Basses Réunies nous dressent un portrait de Vivaldi qui
va du sourire heureux à la grimace, du tumulte au calme interrogatif.
Après plusieurs disques remarquables pour le jeune label Aqogique
(dont « Naissance du violoncelle baroque », Classica n° 139, « Choc
»), Bruno Cocset revient à Vivaldi. Vous vous souvenez sans doute de ses
Sonates pour violoncelle du compositeur italien, enregistrées pour le label
Alpha en 1998, éblouissantes de gaieté et de virtuosité, où le panache se
conjuguait avec imagination et suavité expressive. Eh bien, notre
violoncelliste n’a rien perdu de sa virtuosité rayonnante ni de son naturel
au service d’une expression emplie de contrastes et d’inventivité. Grands
connaisseurs dans l’art des cordes frottées, les musiciens des Basses
Réunies imposent un Vivaldi solitaire en proie à ses doutes intérieurs. Les
différents instruments et adaptations choisis (ténor de violon pour le RV
424, alto a la bastarda pour le RV 541...) renvoient à une
musique aux couleurs tirant plus sur le crépuscule et l’automnal que sur le
soleil vénitien à son zénith en été. Vous êtes prévenus, amateurs de Vivaldi
trépidant, passez votre chemin. Bruno Cocset privilégie l’esprit de ces
oeuvres, tout en maîtrisant totalement leur énergie sans en assécher le
dialogue avec les autres instruments (l’allegro final du RV 531, ou
encore les allegros du RV 421).
Que restera-t-il après
l’écoute de ce CD ? Laissons le mot de la fin à Bruno Cocset : « Les mots
manquent parfois pour traduire comme on le souhai erait ce qui apparaît
comme un subtil paradoxe, pour exprimer le caractère d’une musique qui
renferme en elle une myriade de parcelles qui sont chacune un monde esquissé
sans limite, comme le terreau de l’infinie richesse, une musique dont
Vivaldi ordonne la mosaïque avec maestria ».
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