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Translator tool (Very approximate)
Analyste:
Gaëtan Naullau
Un ovni
discographique comme on les aime un programme dont presque tous les
éditeurs nous diront qu’il est invendable, une prise de son dont le relief
ferait passer les systèmes hi‑fi les plus modestes pour des Rolls, un visuelmalin, qui présente et déjoue à la fois la réputation d’austérité associée à
Schütz, un texte d’introduction substantiel, qui suit les filiations généreuses
du « père de la musique allemande », et un ensemble à la carrière encore
confidentielle mais déjà magistral (son premier disque servait Johann Hermann
Schein, autre contemporain de Monteverdi, cf no.634).
Vous avez reconnu en couverture le nom familier d’un organiste ? Vous avez lu
trop vite. Non pas Bernard Foccroulle mais sa fille Alice, soprano et compagne
de Lambert Colson, expert du cornet à bouquin, figure de proue du collectif
InAlto. L’album oscille entre elle et lui ; entre une poignée de motets pour
voix seule, et des sonates ou les instruments seront autant des acteurs que des
polyphonistes. Leur théâtre, qui culminera dans une sonate de Weckmann, et
auquel les micros d’Aline Blondiau assurent une fantastique présence, pose ses
tréteaux plage 1 : cornet, sacqueboute, violons, viole et (grand) orgue
conjuguent leurs grains contrastés dans un psaume à deux chœurs du Sagitarius,
vidé de ses chanteurs et gagnant une plénitude exceptionnelle par la densité des
inflexions légères et des élans modelés sur chaque ligne.
Un peu plus loin, une sacqueboute prendra la place d’un chanteur pour faire
résonner la vox Domini super aquas de David Pohle (1624‑1695). Autre
métamorphose, un madrigal de Striggio nous revient « diminué » par Johann Schop
(ca. 1590‑1667). On n’y attend qu'un exercice charmant, quand le violon de Marie
Rouquié nous subjugue par ses arabesques en apesanteur et ses camaïeux.
Baume pour refermer les plaies ouvertes par Alice Foccroulle dans le Aus der
Tieffen de Christoph Bernhard et surtout le Eyle mich Gott zu erretten,
grand récitatif musclé où Schütz exprime toute l’angoisse et la
détermination de son pays dévasté. Le contraste entre la majesté grave de
l’orgue, l’exhortation violente des mots et la lumière du timbre, prendrait en
tenaille l’auditeur le plus distrait
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