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Analyse des volumes IV,
V, VI et VII des Cantates profanes par Suzuki |
Outil de traduction (Très approximatif) |
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Analyste:
Sylvain Gasser Précisons qu'un admirateur de la première heure de Masaaki Suzuki prend ici la plume... et dit sa déception. L’intégrale des cantates sacrées venue de Kobé est donc bouclée, et son pendant profane touchera bientôt à sa fin. Créées à Leipzig en 1733, à l'occasion du onzième anniversaire du prince électeur de Saxe, Christian Friedrich et du trente‑quatrième anniversaire de sa mère, Maria Josepha, les BWV 213 et 214 brillent davantage par l'hommage rendu à leurs dédicataires que par leurs intrigues. Leur musique vous est familière ? Car une grande partie de leur matériau s'est fondue un an plus tard dans I'Oratorio de Noël. C'est d'ailleurs cette dernière oeuvre que le chef rappelle à notre souvenir, imprimant à ces cantates une conception plus religieuse que séculière. Dans le choeur introductif « Tônet ihr Pauken! », Suzuki tente de reproduire le jeu fulgurant des effets sonores qui nous avaient saisi dans son Oratorio de Noël, enregistré seize ans plus tôt. Mais il ne laisse par la suite que peu de liberté aux solistes, malgré une exemplaire Joanne Lunn qui s'impose par la précision vocale, la rigueur des phrasés et la netteté des articulations (superbe air « Blast die wohlgegriffnen Flöten»). On n'en dira pas tant de la trompette à la justesse relative dans le redoutable air « Kron und Preis » ! Dans la BWV 212, les instruments expriment les accents spirituels du tableautin paysan sans trouver leur équivalent dans le chant des deux solistes, comme si le burlesque n'était pas aussi le propre de Bach. La théâtralité de Christine Schäfer et Thomas Quasthoff, chez Rilling, est bien plus stimulante. Les mêmes réserves interprétatives s'appliquent aux BWV 205 et 207, que Suzuki peine à innerver de leur esprit de réjouissances académiques. Les versions dirigées par Leonhardt (Philips 1990 et Alpha 2007) gagnent alors un intérêt qu'on n'imaginait pas à leur parution : le cadre esthétique est assez proche, mais elles allaient plus loin dans la caractérisation. Suzuki est plus à l'aise pour traduire le recueillement des deux oeuvres du Volume VI. Cantate profane, la fameuse BWV 198? Oui, dans le sens où elle n'était pas destinée à un service à Saint‑Thomas, mais conçue pour une oraison funèbre à l‘église de l'université en l'honneur de feue la princesse Christiane Eberhardine. Le disque contient également l'étonnante reconversion du Stabat Mater de Pergolèse en psaume de pénitence invitant à la conversion de l'âme (BWV 1083). Malgré la direction précise de Suzuki, on ne retrouve pas les poussées rythmiques vigoureuses et la sérénité confiante qui s'échappaient de la version de Herreweghe ‑ l'une des plus abouties de l'oeuvre (HM, Diapason d'or) avec celle d'un Leonhardt particulièrement ardent (DHM, idem). Dans le «Tilge, Höchster, meine Sünden», où Bach ajuste à la séquence mariale le texte du Psaume LI, la finesse et la subtilité de Carolyn Sampson se heurtent à la projection pincée de Robin Blaze, qui déséquilibre terriblement le « Denn du willst kein Opfer ». Martin Gester, avec Monika Frimmer et Annette Markert, avait su nous faire apprécier l'oeuvre pour elle‑même, en nous laissant presque oublier la référence au chef‑d'oeuvre de Pergolèse (Tempéraments, à rééditer). |
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