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Classica # 179 (02/2016)
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Alpha
ALPHA705





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Analyste: Philippe Venturini
 

MONTEVERDI ET GARDINER AU PLUS HAUT DES CIEUX

Le chef et ses musiciens en état de grâce signent une des versions les plus accomplies des Vêpres de la Vierge. Un DVD insispensable.

Ce concert, capté à la Chapelle-Royale du château de Versailles, peut être considéré comme un accomplissement. Il marque en effet le cinquan-tenaire des débuts d’un John Eliot Gardiner de vingt ans, encore étudiant à Cambridge, dirigeant le 5 mars 1964 dans la chapelle du King’s College ces mêmes Vêpres de Monteverdi. Depuis, le chef britannique les a enregistrées à Londres en 1974 (Decca), puis à la basilique Saint-Marc de Venise en 1989 (Archiv). Fondamentalement, sa conception (tempo, instrumentation, articulation) n’a pas changé et reste organisée autour du mot et de l’espace.

Dès l’invitatoire, entonné avec une rare intensité mobilisatrice, la musique sert le texte en auxiliaire zélée et non en ancillaire soumise. La ferveur confiante qui emporte la cadence plagale conclusive de l’Alléluia en témoigne.

Par un geste toujours convaincu et des expressions du visage communicatives, Gardiner guide ses troupes comme un seul homme et parvient à unifier des éléments disparates, les styles ancien et moderne, les plans larges (le choeur) et resserrés (les airs solistes et les duos), le profane (« Nigra Sum », « Puclhra es »)et le sacré (les psaumes), la prière (« Audi Coelum » d’une bouleversante ferveur) et le faste sonore (le Gloria du « Laetatus sum » sonne comme une volée de cloches).

Fidèle à sa réputation, le bien nommé Monteverdi Choir semble inapprochable dans la perfection collective mais aussi, ce qui n’est pas toujours avéré, par la qualité de ses solistes. Le chef profite de l’architecture versaillaise pour disposer des musiciens dans la tribune, celle de l’orgue ou celle du roi, et réaliser d’efficaces effets de spatialisation, soigneusement restitués par la prise de son. On regrette que l’éditeur n’ait pas indiqué la date d’enregistrement ni les minutages et ait relu distraitement la traduction du texte de présentation.

Cela dit, avec ou sans les images, cette troisième version de Gardiner s’impose parmi les premières de la discographie. Mieux qu’un accomplissement, un aboutissement.


  

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