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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jean‑François Lattarico Une distribution homogène, sans voix déméritante ni exceptionnelle, nous dévoile un chaînon important de l'histoire lyrique. Car en dehors de Hambourg, qui l'a vu naître, l'opéra baroque allemand est nimbé de mystères. On commence à connaître un peu mieux le répertoire de Leipzig, grâce au travail de Michel Maul (qui signe la revigorante notice du disque) et aux redécouvertes récentes (une Talestris de Heinichen ou, plus récemment, le Germanicus de Telemann). Ce Sardanapalus complète le puzzle épars : il était représenté à la cour d'Ansbach en 1698, alors même que l'opéra italien était solidement implanté en terre bavaroise.
Le livret tout en allemand (il faudra attendre Claudius de Keiser, en 1703, pour voir l'intégration d'airs en italien) s'inspire d'un précédent opéra vénitien (1678) de Domenico Freschi. Sardanapale, dernier roi des Assyriens, est un Néron puissance dix, qui voue son règne à l'accomplissement de ses désirs. Lascif et bisexuel, cet antihéros efféminé place la luxure au‑dessus du politique, n'hésitant pas à séduire le jeune et beau fils de son ennemi; lorsqu'il se travestit en femme, la machine de l'équivoque sexuelle s'enclenche et nourrit les péripéties du drame.
Le présent coffret, fruit des représentations de Stuttgart en 2014, est un ravissement. Les airs, très nombreux et brefs, balaient toute la gamme des passions d'un opéra qui est d'abord théâtre en musique. Y domine la déclamation syllabique, le plus souvent soutenue par un sobre continuo, mais certains airs sont plus richement orchestrés (les vents notamment, absents à Venise), tandis que les arpèges ostinati du violoncelle accompagnent Arbaces dans « Such zu geniessen ». Les plaintes abondent (le superbe « Drücke die gebrochnen Augen » au III), et les numéros plus véhéments acclimatent en terre germanique le stile concitato des Italiens.
Chargé du rôle‑titre, Jan Kobow est un habitué des résurrections baroques qui défend avec panache un personnage à la riche palette, malgré quelques menus problèmes de justesse; Rinnat Moriah se tire excellemment de la partie redoutable de Salomena (cf l'époustouflant finale de l'acte II). Les autres rôles sont bien campés, hormis le contre‑ténor, plus inégal. Le live ajoute au plaisir d'un théâtre vivant, défendu avec ferveur. |
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