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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Xavier Bisaro Le Poème Harmonique, après les Te Deum de Lully et Charpentier (Trois Diapason, cf nº 620), reste dans le grand siècle mais s'attache à la génération suivante et à des musiques moins brillantes. Le couplage est habile : d'un côté, les Leçons de Couperin, dont la discographie doit être une des plus profuses du répertoire baroque depuis les années 1950; de l'autre, le Miserere à trois voix de Clérambault, qui incite à la comparaison avec le style inimitable des Demoiselles de Saint‑Cyr, l’ensemble d'Emmanuel Mandrin. Ce Miserere était chanté au terme des offices de Ténèbres, après les leçons et les répons, mais c'est avec lui que s'ouvre le programme ‑ et donc sur la chaîne de dissonances amères que Clérambault place en exergue du psaume pénitentiel.
Les atouts de l'album résident surtout dans sa distribution vocale. Les trois sopranos disposent chacune d'une personnalité sonore bien typée, tout en parvenant à composer un ensemble harmonieux. Hasnaa Bennani, Isabelle Druet et Claire Lefilliâtre ont aussi en commun une grande expérience de la musique française, qui leur permet de se jouer avec aisance des subtilités déclamatoires et ornementales ‑ dimensions indissociables chez Clérambault et Couperin. Séduisantes et stylées, leurs voix se laissent aller à un certain égotisme esthétique. D'une plage à l'autre, le galbe des notes lentement filées prime sur des rythmes vagues et souvent instables; la qualité plastique de la matière sonore l'emporte sur la caractérisation des versets ou, plus exactement, sur l'investissement du texte. Très fractionné à plusieurs niveaux (plages systématiquement séparées par de longs silences, mots exprimés individuellement parfois au détriment de la conduite générale), il perd son énergie oratoire.
Vincent Dumestre et son équipe ont compté parmi les musiciens les plus inventifs de la jeune génération « baroque » française. On regrette qu'ils s'en tiennent ici à ressasser un style élaboré au contact de répertoires antérieurs, et très imparfait pour répondre au langage propre des leçons de Couperin, si dramatiques et hautes en couleur, si diverses. Varier les instruments d'une section à l'autre (clavecin ou orgue, avec ou sans théorbe) ne suffit pas à donner le change. Cantonné dans son propre style façonné au fil de nombreuses productions, Le Poème Harmonique aborde cette musique avec sérénité et confort.
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