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Diapason # 631 (01/2015)
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Alpha
ALPHA704




Code-barres / Barcode : 3760014197048

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

Sous le titre « Rameau, maître à danser », ce spectacle créé et capté à Caen en juin dernier rassemble deux pastorales en un acte (1753‑1754) destinées au séjour de Louis XV à Fontainebleau. Le mérite du DVD est d'abord de faire entendre Daphnis et Egié, inédit au disque, et où l'invention de Rameau charme sans relâche. Deux bergers liés d'amitié découvrent que leur dieu s'appelle Amour. Le beau rôle est pour Daphnis, écrit pour Jélyotte, servi par les qualités voluptueuses de Reinoud Van Mechelen. Sa jeune bergère est sans reproche, quoique un peu anonyme, Arnaud Richard bien équilibré en Grand Prêtre, ici promu médecin de campagne et régisseur du spectacle.

 

Car Sophie Daneman ancre l'irréalité pastorale dans un monde rustique à la fois pictural et concret, raffiné dans son chromatisme et par une discrète mise en abyme: la pastorale est jouée sur un théâtre de fortune par et pour des villageois. La chorégraphie de Françoise Denieau opte pour une couleur historique tempérée, favorisant la communauté des danseurs et de choristes à l'expression attachante. Les Arts Florissants s'épanouissent dans la délicatesse de tels climats.

 

Cette manière fonctionne d'autant mieux que la réalisation de François‑René Martin marie avec tact la globalité de la scène et de nombreux gros plans, gommant la gêne visuelle ou acoustique qu'on sentait dans la salle du Manège caennais (signalons toutefois, sur notre exemplaire, un petit décalage du son et de l'image). Mais la déception demeure pour La Naissance d'Osiris. La mise en scène s'enlise à présenter cette allégorie princière (le futur Louis XVI était né à l'été 1754) comme une suite de la bergerie précédente. Pourquoi chercher un ressort narratif dans ce qui n'est qu'un assemblage de figures pour une célébration de cour ? A quoi bon cette comédie de dépit et de mamours entre Pamilie et son berger?

 

Il faut essuyer une niaiserie parasite (Eglé en parturiente, scènes appuyées de pouponnage) et une chorégraphie répétitive et hasardeuse pour l'onirisme et la majesté de cette fête. Le geste parfois amolli ou alourdi ou sec de William Christie n'efface pas le souvenir de l'intégrale d'Hugo Reyne, surtout que manquent des numéros comme l'ariette étincelante « Volez, plaisirs ». Dans celles de Pamilie (rien moins que Marie Fel à la création), le jeu piquant de Magali Léger ne compense pas les approximations et le prosaïsme de la cantatrice. Pour Daphnis et Eqlé donc: c'est déjà beaucoup.


 

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