Voici une anthologie de référence des concertos vénitiens baroques pour hautbois, allant des plus connus jusqu'à de vraies raretés enregistrées pour la première fois.

Alfredo Bernardini n'est pas un inconnu. Il a joué dans les ensembles les plus prestigieux, dont Hespèrion XX, Le Concert des Nations, La Petite Bande, Das Freiburger Barockorchester, The English Concert , Bach Collegium Japan. En 1989, il cofonde l'ensemble Zefiro, et depuis,«collectionne » les récompenses. Ces musiciens n'ont rien à prouver. Il y a chez eux comme une manière évidente et naturelle de jouer cette musique avec éloquence, tant leur sens des couleurs, de la ligne, allant de la tendresse à la vigueur, le raffinement des nuances allié à une sonorité unique et une technique irréprochable atteignent un degré d'excellence rarement atteint. Pour cette anthologie des concertos vénitiens baroques pour hautbois, allant des oeuvres les plus jouées (les RV 449 et RV 460 de Vivaldi) aux plus rares (le Concerto SFD935 de Marcello ou celui en si bémol majeur de Diogenio Bigaglia enregistré en première mondiale), Alfredo Bernardini utilise un hautbois original et exceptionnel par les matériaux utilisés (l'ébène, l'ivoire pour les joints et les viroles, l'argent pour les clefs), ce qui lui donne un son inimitable. Construit par Giovanni Maria Anciuti ‑ le plus remarquable facteur d'instruments à vents actif en Italie durant la première moitié du XVIIIe siècle ‑ ce hautbois possède un son unique et une gamme très étendue. Pour l'apprécier pleinement, il faut écouter le Concerto en ré majeur de Giuseppe Sammartini. Tout laisse à penser que ce compositeur, virtuose phénoménal, ait connu et joué ce même instrument.

Ce nouvel instrument, joint aux innovations musicales où un soliste se trouve au premier plan d'un ensemble composé de cordes et d'une basse continue, explique le nombre impressionnant de concertos pour hautbois vénitiens écrits au début du XVIIIe siècle. Avec Bernardini et l'ensemble Zefiro, la fascination opère comme elle opéra sur les compositeurs et le public, il y a trois siècles.