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Analyste:
David Fiala Pour célébrer le quarantième anniversaire de son célèbre groupe vocal, Peler Phillips a choisi de réenregistrer une messe de Taverner qu’il tient pour « une des plus grandes compositions jamais écrite en Angleterre ». La célébrité outre-Manche de ce vaste monument à six voix est en outre redevable à son « In nomine », une section du Benedictus qui devint un thème de variations contrapuntiques pour tous les compositeurs anglais jusqu’à Purcell. L’autre argument de Phillips consiste à souligner la difficulté d’exécution de cette oeuvre aux ambitus vocaux très larges, ce qui permet ainsi à ses chanteurs de faire la démonstration de tout leur talent. Si le premier point ne se discute pas, le second pose problème. En optant pour un diapason très haut, une tierce mineure au-dessus du nôtre, cette lecture vire au concerto pour soprano solo, la voix supérieure étant amenée à multiplier les la et si bémol aigus. On peut, certes, saluer l’abnégation et le talent des chanteuses (Janet Coxwell, pilier de l’ensemble, et son acolyte Amy Haworth) qui se prêtent avec brio à l’exercice, mais celui-ci relègue le contrepoint au second plan en focalisant trop l’attention et s’avère, à la longue, tout simplement fatiguant pour les oreilles. Si le diapason était en effet sans doute plus haut à la Renaissance qu’aujourd’hui, la pratique des transpositions (notamment vers le grave) était tout aussi généralisée, à plus forte raison pour les exécutions a cappella. Aussi courante soit-elle dans la tradition chorale anglaise, cette forme de surenchère ne s’impose donc guère et finit par desservir l’oeuvre. Avec un diapason moins haut mais déjà exigeant et brillant, Paul Hillier et l’ensemble Ars Nova de Copenhague ont en tout cas gratifié cette messe d’une lecture plus convaincante (Da Capo, 2008). |
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