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Diapason # 620 (01/2014)
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Agogique
AGO015




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3700675500153 (ID366)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Jean-François Lattarico
 

On croît connaître Alessandro Scarlatti, on ne sait rien de lui. Cent quinze opéras, deux enregistrements ! En 2003, la résurrection de l’ébouriffante Griselda par René Jacobs (HM, Diapason d’or) ne laissait aucun doute sur la richesse dramatique de sa musique, sur l’art des caractères, des alternances d’écritures simple et sophistiquée, du timing, qui a fait de Scarlatti l’un des compositeurs lyriques les plus fêtés de son temps. Et pourtant il aura fallu attendre encore dix ans pour que suive une autre réalisation : voici Carlo re d’Alemagna, que le public napolitain applaudissait en 1716 — ses rivaux à l’époque s’appelaient Bononcini, mais aussi Vivaldi, qui débutait sa carrière d’impresario (et composait en 1716 l’oratorio Juditha triumphans). Sur un livret de Giuseppe Papis d’après Francesco Silvani, l’opéra décrit les luttes intestines au temps des Carolingiens : Lotario complote contre son demi-frère Carlo (enfant-roi dont il veut le trône) et sa belle-mère Giuditta, accusée d’amours illicites avec le loyal Berardo. A l’intrigue politique se mêle l’idylle des deux rôles comiques Armilla et Bleso : le public napolitain raffolait du mélange des registres. C’est surtout la marque du librettiste qui, réfractaire au rigorisme d’un Zeno ou d’un Métastase, n’hésite pas à confier le rôle-titre à un personnage muet !

Exhumé par Biondi et son Europa Galante en 2003 à Palerme, Carlo fut repris en 2009 à Stavanger, où il a été enregistré. L’orchestre norvégien (moderne, dirigé par Biondi depuis le premier violon) préserve un bel équilibre avec les interprètes, très engagés.

L’alto vigoureux de Romina Basso fait merveille dans le rôle de l’intrigant Lotario (sublime aria di paragone « Aure voi » au début du II qui tisse avec l’orchestre un dialogue déchirant). A la « mère courage » Giuditta de Roberta Invernizzi, toujours impeccable malgré un organe moins éclatant, échoient les airs les plus variés (les mélismes pathétiques de « L’innocenza in te vegg’io », en sicilienne), tandis que l’Adalgiso de la mezzo Marianne Beate-Kielland nous enivre de ses mélopées (« Labri cari »).

Les parties bouffes profitent du charisme et de l’expérience de Pinti et Abbondanza (irrésistible et endiablé duo au finale du I).

Partition foisonnante, pépites innombrables. Deux autres opéras sont, semble-t-il, en boîte (Penelope la casta et Didonedelirante). Enfin!

 

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