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Analyste:
Denis Morrier Si l’on a pu être charmé en 2002 par le disque Landi de L’Arpegiatta, par ses scintillements de psaltérion et son crooner, par l’effusion chamarrée des cordes pincées et l’ingéniosité d’arrangements suaves, on est dubitatif aujourd’hui face à des procédés devenus des manies sans objet et la systématisation d’arrangements flatteurs. Du «cross over» qui promettait des dialogues fructueux, ne reste qu’un mélange trop sucré où toutes les saveurs se perdent. Un groupe de polyphonistes corses et des chanteurs de charme napolitains viennent cette fois se joindre aux fidèles Jaroussky et Rial et à l’équipe instrumentale autour d’une thématique « sacrée » des plus floues. Qu’y trouve-t-on ? Des mouvements épars des sonates du Rosaire ; un extrait d’opéra de Legrenzi délicieux.., et totalement trafiqué pour devenir un duo; un bout d’oratorio de Rossi (l’inusable refrain du Peccator pentito) transformé en une sorte de rengaine des cordes ; des berceuses anonymes mais baroques (avec clochettes...) et d’autres soi-disant traditionnelles (mais très modernes) ; deux motets de Sances et Monteverdi (supérieurement interprétés par la soprano catalane) ; de la pseudo-variété italienne (une Maria digne du Top 50) ; et bien sûr cette litanie de basses obstinées dont l’harmonisation relève souvent de la pure invraisemblance (comme ces agrégats new age sur la sublime berceuse de Merula) et dont l’exploitation au fil des concerts et des disques confine à l’obsession. Le cornet éblouissant de Doron Sherwin se prend à nouveau pour un bugle de jazz, et les crépitements de cordes pincées dans tous les sens comme les résonances impressionnistes de psaltérion apportent une séduction qui amollit plus qu’elle ne porte l’évocation du chemin de croix. On relève dans ce fatras quelques jolies perles, comme le duo doloriste de Legrenzi, où se mêlent les tendres plaintes de Jaroussky et de Rial. Le nappage envahissant de la berceuse de Merula n’étouffe pas tout à fait l’inspiration de Philippe Jaroussky (JilI Feldman, Montserrat Figueras ou Maria Cristina Kiehr avait tout de même une autre intensité ici). Quelques ratages retentissants la Ciaccona de Merula, brouillonne et indistincte, et la Tarentella del Gargano (dans une variante d’Enzo Gragnaniello), sans saveur (surtout si l’on a en mémoire Pino de Vittorio qui enregistrait en 1991 une autre variante de la même Tarentella venue des Pouilles). L’Arpeggiata fête ses dix ans. Il serait temps de renouveler ses approches interprétatives et d’entreprendre des projets plus ambitieux et moins commerciaux. |
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