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Analyste: Franck Mallet «Chemin de croix» délicieux NOUS SOMMES COMBLÉS AVEC CE RÉCITAL CONSACRÉ À LA « PASSION » ALLIANT MUSIQUE BAROQUE ET CHANTS POPULAIRES TRADITIONNELS. Forte du succès de son précédent album consacré à la musique profane de Monteverdi, Christina Pluhar enchaîne avec la même équipe un passionnant « Via Crucis », où il est question de « rappresentazione sacra », genre apparu au XVe siècle et qui connut son âge d’or un siècle plus tard, à Florence (voir interview – ci-dessous). Il s’agissait d’un spectacle mêlant théâtre, danse et musique, à partir d’un corpus varié d’éléments religieux, profanes, mythologiques, allégoriques et même comiques. Une liberté de ton, et par conséquent de choix dans un répertoire d’une richesse inouïe ou L’Arpeggiata fait oeuvre de totale recréation. La question de l’authenticité pour des musiques si anciennes étant relative et même douteuse, on goûtera avant tout le plaisir d’une reconstitution imaginaire par des musiciens de talent. Entre répertoire religieux ou instrumental savant et le chant populaire traditionnel, reconnaissons que nous sommes à la fête dans ce superbe et grandiose tableau baroque. Du charme et de la sensibilité tout d’abord, dans les voix solistes de Philippe Jaroussky (« Ninna nanna » napolitaine et un air de Ferrari) et de la soprano Nuria Rial (dans Merula, Sances et Monteverdi), ou encore dans un magnifique duo de Legrenzi. L’extraordinaire mélisme des voix corses dans une « Maria » composée par l’ensemble Barbara Furtuna, rehaussé par le cornet de Doron David Sherwin. Des couleurs, dans la folie des cordes entrelacées (3 violons, théorbe, archiluth, violoncelle, violone) d’une Passacaille de Cazzati adossée à un mouvement de sonate de Mealli, dans le rythme pulsé d’un fragment des Sonates du Rosaire de Biber, ou encore dans une étourdissante danse florentine d’Allegri. Ni new age, ni cross-over, ce «Via Crucis » confirme l’exceptionnelle habileté sonore de Christina Pluhar, véritable alchimiste d’un passé distillé, recomposé, et distribué à des musiciens d’une finesse et d’une élégance inégalées.
INTERVIEW
DIX ANS ET UN NOUVEAU CD: RENCONTRE AVEC CHRIS11NA PLUHAR, FONDATRICE DE L’ENSEMBLE. J’avais en tête ce programme depuis nombre d’années. Si Teatro d’Amore, le précédent, était exclusivement consacré à un compositeur — Monteverdi —, j’aime alterner avec des programmes variés, comme celui de Via Crucis qui me tenait particulièrement à coeur. De Philippe Jarrousky à notre cornettiste Doron David Sherwin, en passant par les instrumentistes de l’ensemble, nous nous sommes tous plongés dans cette musique, rejoints par l’ensemble corse Barbara Furtuna qui ajoute à la qualité de ce répertoire. Depuis longtemps, je suis émue par la douceur de leurs voix, et j’ai aussitôt pensé à eux à l’occasion des concerts et de l’enregistrement de Via Crucis. Plus problématique fut le choix des pièces, car le sujet de la Passion chrétienne a suscité près de deux siècles d’ouvrages! Ce n’est pas un hasard si les plus belles oeuvres appartiennent au répertoire baroque et populaire — toujours d’une très grande profondeur. Par exemple le Stabat Mater de Giovanni Felice Sances, peut- être son chef-d’oeuvre absolu. J’espère avoir ici réussi à combiner chant baroque et populaire — c’était mon voeu le plus cher, et en tout cas un régal pour tous les chanteurs.» Propos recueillis par Franck Mallet | |
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