Texte paru dans: / Appeared in:
Virgin Classics |
|
Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Fabio Biondi hausse les couleurs EN CHOISISSANT L’ÉDITION LONDONIENNE DE « LA STRAVAGANZA », FABIO BlONDI RÉVÈLE UNE AUTRE FACETTE DE LA MUSIQUE CONCERTANTE DE VIVALDI, SANS ATTÉNUER SA PALETTE DE COULEURS INSTRUMENTALES.
Depuis des Quatre Saisons d’anthologie parues il y a tout juste vingt ans (réenregistrées en 2001 pour Virgin), les références s’accumulent sous les doigts de ce musicien complet qui mène de front une double carrière de violoniste et de chef d’orchestre. On en devine les périls: routine et délaissement de l’instrument au profit d’impératifs commerciaux. Rassurons-nous, les sept concertos ici enregistrés ne laissent pas place à la déception, si ce n’est une légère frustration devant l’incomplétude du recueil. On conservera donc la version de Rachel Podger chez Channel Classics (Hogwood/Huggett ayant pris quelques rides),jusqu’à ce jour la meilleure intégrale disponible. Dans l’édition londonienne de La Stravaganza établie par John Walsh, sont retenus cinq concertos (sur douze) moins « extravagants », qui restreignent la suprématie du soliste en privilégiant le jeu d’ensemble dans l’esprit du concerto grosso corellien alors très en vogue en Angleterre. Le Sixième (RV291), dont l’authenticité demeure douteuse, est un ajout de l’éditeur anglais. C’est dire l’embarras dans lequel il se trouvait. En vérité Vivaldi s’affranchit de l’influence de son aîné. Ces concertos, à la virtuosité contenue, font ressortir l’originalité de son style qui procède par de brèves cellules mélodiques aux contours rythmiques affirmés et une palette de couleurs instrumentales (magnifiées ici par une somptueuse prise de son) surprenante pour un effectif aussi restreint. Le début du Ré majeur, avec ses entrées en imitations des deux violons à découvert, évoque immanquablement le monde de l’opéra. Dans le Largo du Concerto en mi mineur, Biondi par vient à intégrer les fioritures ornementales à une arche mélodique continue. L’esprit du final, tout en contrastes dynamiques, ne lui échappe pas non plus : trois minutes de musique survoltée, où le compositeur prend congé avec désinvolture en interrompant une marche d’harmonie sur laquelle évoluait le mouvement perpétuel du violon. En choisissant l’édition londonienne de La Stravaganza, Fabio Biondi relevait le défi de montrer un autre visage de la musique concertante de Vivaldi sans édulcorer sa bouillonnante inventivité. Pari réussi!
| |
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |