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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini
Vox Luminis, vox Dei VOX LUMINIS HONORE LA MUSIQUE FERVENTE DE SAMUEL SCHEIDT, À LA CROISÉE DE LA GRAVITÉ LUTHÉRIENNE ET DE L’EXPRESSIVITÉ ITALIENNE. Destinés à
un double choeur de huit voix a cappella, les motets des Sacrae Cantiones
(chants sacrés) choisissent leurs textes parmi les Psaumes et Évangiles dans
leurs versions latine ou allemande. Ils y évoquent autant la solitude du
pécheur que la mélancolie du temps qui passe ou la tendresse de la Nativité.
Le jeune ensemble Vox Luminis a retenu six des trente-huit numéros qui
composent ce recueil paru en 1620 à Hambourg et y ajoutent trois motets à
cinq voix extraits des Geistliche Concerte (concerts spirituels)
publiés dans les années 1630 en quatre volumes. À la richesse polyphonique
renaissante des premiers répond la flexibilité mélodique baroque des
seconds: le collectif d’un côté, l’individuel de l’autre, la gravité
septentrionale d’une part, la sensibilité méridionale de l’autre. Cette
distinction reste évidemment très caricaturale mais elle permet d’imaginer
la musique d’un compositeur saxon, natif de Halle, influencé par les
inventions italiennes en ce premier XVIIe siècle. Scheidt étonne par son
habilité à mettre le texte en relief. Une écoute, même distraite, ne peut
que laisser devenir la joie de la Résurrection (le balancement ternaire de
Surrexit Christus hodie) ou l’inquiétude du fidèle (les madrigalismes
sur « falschen und bösen » (les faux et les méchants) dans Richte
mich Gott). Une écoute attentive permet d’apprécier la justesse
expressive des chanteurs, la perfection de leur intonation, la clarté des
lignes (fort bien restituée par la prise de son), leur homogénéité colorée
(doublures instrumentales) et, surtout, leur engagement général,
enthousiaste et convaincu au service d’un répertoire injustement négligé.
Pièce centrale de cette anthologie, le Vater unser im Himmelreich
(Notre Père qui es aux cieux) déploie sa longue prière (une vingtaine de
minutes) avec une intensité et une ferveur que devait partager le pasteur
Johannes Wtenbogaert, contemporain de Scheidt, peint par Rembrandt et
judicieusement choisi en illustration..
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