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Classica # 122 (05/2010)
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Harmonia Mundi
HMC902059




Code-barres / Barcode: 0794881943821 (ID36)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Eric Taver
 

Notre déception est finalement un peu injuste: après ses nombreux enregistrements particulièrement convaincants — en dernier lieu ses Sonates de Beethoven avec Alexander Melnikov (« Choc» dans Classica n° 116) — nous attendions beaucoup d’Isabelle Faust dans ce premier volume de Sonates et Partitas de Bach. Cette violoniste parmi les plus passionnantes du moment pèche ici par ce qui fait ailleurs sa valeur: une évidence de l’énonciation qui éclaire les chefs-d’oeuvre de Bach d’une unique lumière, et une probité qui semble en diminuer la portée.

Ainsi, la Deuxième Partita par laquelle s’ouvre ce disque comprend-elle une Allemande initiale d’une étonnante modestie, sans rien de l’habituel portique d’entrée, une Sarabande particulièrement bien ornée mais déroulée comme un seul fil sans réels relief ni épaisseur et une Gigue rapide, presque expédiée. Quant à la fameuse Chaconne conclusive, rapide elle aussi, elle ne nous offre rien, au-delà d’une souplesse plastique étonnante, de la grande aventure musicale et esthétique que tant d’autres nous ont offerte : de Menuhin (EMI) à Szeryng (Sony) et Milstein (DG) ou, plus près de nous, avec Ehnes (Analekta) et Grimal (Ambroisie), cette page constitue une histoire humaine tant elle accumule de contraintes physiques et intellectuelles pour l’interprète. Isabelle Faust (et son ingénieur du son?) ont au contraire fait le choix d’une humilité distanciée, comme si l’on avait refusé d’entrer dans le grain du son, d’oser le silence qui donne sa densité à la matière ou, comme aurait dit Max Jacob, de «faire chef-d’oeuvre ».

D’une étonnante lisibilité pour la Fugue de la Sonate n° 3, élégante dans les danses stylisées de la Partita n°3, Isabelle Faust tente à l’évidence de retrouver une certaine simplicité, au risque de refermer ces pages sur elles-mêmes plutôt que de les ouvrir vers l’auditeur. 

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