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Diapason # 581 (06/2010)
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Gimell
CDGIM043




Code-barres / Barcode:
0755138104327 (ID31)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  David Fiala
 

Plus de vingt ans après deux disques consacrés au Requiem et aux répons de la semaine sainte de Victoria, les Tallis Scholars reviennent au maître espagnol de la Contre-Réforme. Complétant leur volume des répons, ce récital propose les neuf Lamentations de Jérémie que Victoria publia en 1585 à Rome, peu avant son retour en Espagne, avec ses dix-huit répons, mais aussi deux Passions et plusieurs autres pièces principalement destinées aux matines des jeudi, vendredi et samedi saints. Pour cet Office de la semaine sainte, un des plus luxueux projets éditoriaux du XVIe siècle, Victoria avait révisé ses Lamentations, dont un manuscrit de la chapelle pontificale conserve une version antérieure, moins aboutie.

Le musicien n’y développe guère les fameuses vocalises introductives sur les lettres de l’alphabet hébreu, et sa déclamation reste d’une grande concision. Son projet consiste à accumuler ferveur et tension sur le refrain qui conclut chaque lamentation : « Jerusalem, Jerusalem, convertere ad dominum deum tuum ». L’ensemble du cycle est d’ailleurs conçu selon une progression continue de l’effectif, de quatre à huit voix, qui mène à une dernière invocation monumentale, saisissante. Si ce principe structurel justifie évidemment l’idée de Peter Phillips d’enchaîner toutes ces pièces, leur langage est d’une telle homogénéité qu’il n’est pas sans entraîner quelque monotonie. Le groupe de chanteurs réuni, assez largement renouvelé, parvient cependant à tendre les lignes et à restituer avec conviction l’ardente progression imaginée par Victoria, même s’il manque un peu d’ampleur au bout du chemin. En revanche, la Lamentation de Juan Gutierrez de Padilla (un successeur de Victoria actif au Mexique) qui complète le programme s’imposait d’autant moins qu’elle donne à entendre les sopranos sous un jour peu fIatteur.

D’autres disques ont mis à profit le contraste prévu par le cadre liturgique, qui fait suivre la fervente méditation de trois lamentations par la force dramatique de six répons. C’est notamment le cas d’un album méconnu du Trinity College de Cambridge, au son étrangement étouffé et à l’esthétique romantique savoureuse (Conifer, 1990), et surtout, de l’enregistrement (presque) intégral du recueil de 1585 par La Colombina (3 CD, Glossa, 2005).

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