Texte paru dans: / Appeared in:
Gimell |
|
Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Marc Desmet Les Anglais chez les Ibères LES TALLIS SCHOLARS ONT SU TRADUIRE L’UNIVERS DU COMPOSITEUR ESPAGNOL VICTORIA, AVEC SA PART DE LATINITÉ ET D’ÉPURE SONORE. Un coup d’oeil à l’abondante discographie du compositeur espagnol Tomás Luis de Victoria permet de s’en convaincre : c’est du Royaume- Uni que proviennent les plus nombreuses incursions discographiques récentes dans le répertoire sacré du siècle d’or espagnol. Les Tallis Scholars ont ainsi parcouru l’oeuvre de Victoria depuis les débuts de leur impressionnante carrière: d’abord par le Requiem (1988), puis les Répons des ténèbres (1990) enfin par ces Lamentations qui, plus de vingt ans plus tard, attestent de la merveilleuse sensibilité du groupe et de la pérennité d’un style vocal inimitable. D’emblée on reconnaît ce qui fait la signature des Tallis: un son impeccable, un ton exact, et surtout un timbre d’ensemble à la couleur difficilement définissable, précise et expressive à la fois (dont un exemple mémorable est fourni par « Et egressus est a filia » de la seconde lamentation). L’économie de moyens musicaux qui caractérise les Lamentations de Victoria concerne tous les aspects de l’oeuvre, y compris le verset conclusif de chaque lamentation (« Jerusalem convertere... »), qui demeure d’une constante sobriété là où d’autres compositeurs optent pour un langage plus fleuri. Elle trouve un écho dans l’épure sonore qui lui répond chez les Tallis, et la façon plaintive dont les initiales hébraïques se déroulent avec la souplesse d’une calligraphie suspendue dans l’espace, est littéralement fascinante. Aucun effet dans cette esthétique du juste milieu qui ne se complaît pas dans une abstraction trop sonore. Rien de pesant ou de trop sèchement austère non plus dans la succession des versets: on perçoit au contraire la superbe architecture modale du cycle, à laquelle la singulière orchestration vocale de Victoria confère une dimension variée en modifiant l’effectif de chaque lamentation.
| |
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |