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Monde de la Musique:

Harmonia Mundi
HMG 507269




Code-barres / Barcode: 3149020726914

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Marc Desmet


 

Il faut remonter très loin (la quasiment trentenaire anthologie de Thomas Binkley‑EMI) pour trouver un disque entièrement consacré comme celui‑ci à la poétique de Francesco Landini, le principal compositeur du XIVe siècle italien. Entre-temps, de grandes réussites sont certes apparues (signées Alla Francesca ou Micrologus ‑ Opus 111) mais qui mêlaient Landini à d'autres compositeurs, ou bien des monographies (Cominciamento di Gioia ‑ Symphonia) diluant le propos dans une recherche anecdotique de sonorités instrumentales.

 

A priori, Anonymous 4 et son esthétique de la pure vocalité (quatre chanteuses a capella) paraissaient peu à même de défendre les nuances d'un art que les sources différencient d'après la répartition des voix avec et sans texte. Le livret se charge honnêtement de nous rappeler que le choix des 17 ballate (sur les quelque 140 de Landini que l'on a conservées) s'est porté sur chaque aspect du genre dans les manuscrits ‑ ballate à rythmes dansants, à 2 voix, à 3 voix, pourvues de texte à toutes les voix, aux deux voix extrêmes, ou bien à la seule voix supérieure ‑ et que ces aspects révèlent dans le même temps des étapes chronologiques, voire des influences de la musique française de l'Ars nova. Loin d'opérer une uniformisation des styles. Anonymous 4 révèle au contraire les divergences d'écriture d'une pièce à l'autre : l'usage discret de mélismes pour les voix non pourvues de texte, l'adoption d'une large palette de nuances dynamiques, de tempos choisis pour leur naturel et leur ampleur contribuent à la diversité d'un parcours comprenant une majorité d'unica discographiques. L’art avec lequel les lignes sont chargées d'un mouvement expressif est également un atout essentiel pour rendre justice à un aspect capital du langage de Landini : l'abord cadences, à la fin de chaque strophe. L’approche toujours sensible, émouvante, de ces unissons conclusifs (le duo Abbonda di virtu!) fait qu'on reste  longtemps captivé par ces poésies musicales au charme mystérieux. Les méandres étourdissants de Muort oramai, la hauteur de ton de Non ara mai pietà, la sensualité de la célèbre ballata Gram piant' agli occhi (maintes fois enregistrée mais qui trouve ici sa version de référence) sont quelques-uns des trésors que recèle ce programme.

 

 

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