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                    "Les 
              civilisations et les peuples de "Notre Mer" se sont forgés à 
              partir de deux grands fleuves indépendants mais toujours 
              communicants ; les invasions et migrations et les développements 
              des trois principales religions"
              "...la Méditerranée c'est aussi l'histoire de la mythologie, de la 
              philosophie, des anciennes croyances, de la pensée spirituelle et 
              des conflits très étroitement liés aux trois principales religions 
              monothéistes : judaïsme, christianisme et islam"
              
              "Sur le plan humain, le visage actuel de la Méditerranée est 
              d'abord l'œuvre de trois grands ensembles de mouvements 
              migratoires, échelonnés sur plus de trois millénaires. Le premier 
              et le plus long, de l'an 2000 avant notre ère jusqu'à la fin des 
              invasions barbares, peuple les péninsules et les rivages du nord ; 
              Hittites, Grecs, Italiques et Celtes d'est en ouest, puis après 
              l'échec de Rome à les contenir, les Francs, les Lombards et les 
              Slaves".
              
              "Les deux autres mouvements migratoires sont, toujours selon 
              Maurice Aymard, l'œuvre de deux groupes, plus restreints sans 
              doute en nombre, de grands nomades : Arabes et Turcs. Les premiers 
              déferlent à partir du VIIe siècle depuis leurs déserts tropicaux 
              du Proche-Orient, bousculent la résistance affaiblie de Byzance, 
              imposant en deux siècles, de Bagdad à Gibraltar, leur foi toute 
              neuve et leur langue, débordent même au nord, occupent l'Espagne 
              et la Sicile, et ravagent les côtes d'Italie et de France. Venus 
              des steppes froides de l'Asie centrale, le seconds s'installent en 
              Anatolie à partir du XIe siècle : trois siècles plus tard l'Etat 
              des Osmanlis réussit à s'établir solidement dans les Balkans avant 
              de s'emparer de Constantinople, puis soumettre, jusqu'à Alger tout 
              l'islam méditerranéen. Istanbul réussit ce paradoxe de devenir, à 
              l'époque de Soliman le Magnifique, la première ville turque, mais 
              aussi la première ville grecque, arménienne et juive… Nulle trace, 
              il est vrai, de conversion forcée : les "infidèles" ont partout 
              leur place, confirmée par un impôt spécial. La césure fondamentale 
              oppose désormais non le Nord et le Sud, mais l'Orient et 
              l'Occident".
              
              "...laissons parler l'histoire, pour mieux comprendre le sens de 
              nos origines et de nos tragédies, de nos conflits et de nos 
              espoirs, et laissons sonner la musique, pour nous faire sentir, 
              grâce au dialogue des voix et des instruments, combien l'infinie 
              richesse de notre diversité musicale "méditerranéenne" peut être 
              une source inépuisable d'émotions et de beauté, de dialogues et de 
              découvertes. Nous pensons comme Amin Maalouf que "Pour redonner à 
              notre humanité déboussolée quelques signes d'espoir, il faut aller 
              bien au-delà d'un dialogue des cultures et des croyances, vers un 
              dialogue des âmes. Telle est, en ce début du XXIe siècle, la 
              mission irremplaçable de l'art".
              
              JORDI SAVALL
              New York, 10/15 d'Octobre 2011
              
              
              
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              Excerpts:
              
                    "The 
              civilisations and peoples of “Our Sea” were forged out of two 
              great independent but always mutually permeable flows: invasions 
              and migrations and the development of the three major religions".
              
              
              "In 
              human terms, the modern-day Mediterranean is primarily the work of 
              three great migratory movements, spread out over more than three 
              thousand years. The first – and also the longest, from the year 
              2000 before our era until the end of the barbarian invasions, 
              populated the peninsulas and the Northern shores: Hittites, 
              Greeks, Italic and Celtic peoples from East to West, and then, 
              following Rome’s failure to contain them, the Franks, the Lombards 
              and the Slavs. All these invasions took their toll in terms of 
              brutal upheaval and large-scale devastation, followed by long 
              periods of regression. The destruction, in the 12th century before 
              our era, of the Achaean kingdoms of Mycene and Argos by a second 
              wave of Greek invaders, the Dorians, marked the beginning of a 
              Middle Ages comparable to that which ensued after the collapse of 
              Rome in the face of the barbarian onslaught".
                    "The 
                    other two migratory movements described by Maurice Aymard 
                    are attributable to two groups, no doubt smaller in number 
                    than the first, of great nomadic peoples: the Arabs and the 
                    Turks. From the 7th century the former spread out from their 
                    tropical deserts in the Middle East, toppled the weakened 
                    resistence of Byzantium and, over the ensuing two centuries, 
                    imposed their brand new faith and their language from 
                    Baghdad to Gibraltar, even overrunning the North, occupying 
                    Spain and Sicily and ravaging the coasts of Italy and 
                    France. The latter emerged from the cold steppes of central 
                    Asia to settle in Anatolia in the 11th century: three 
                    hundred years later, the Osmanli state had successfully 
                    established itself in the Balkans before going on to seize 
                    Constantinople, and subsequently bringing the whole of 
                    Mediterranean Islam, as far as Algiers, under its control. 
                    Under Suleyman the Magnificent, Istanbul paradoxically 
                    became not only the capital city of Turkey, but also the 
                    foremost Greek, Armenian and Jewish city… It has to be said 
                    that there was no trace of forced conversion: “infidels” 
                    were free to live in the Empire, as is confirmed by the 
                    special tax, the jizya, that was levied on non-Muslims. 
                    Henceforth, the major rift was to be not between North and 
                    South, but between East and West".
                    
                    "Let 
                    us allow history to help us gain a better understanding of 
                    our origins and tragedies, of our conflicts and our hopes. 
                    And let us allow music, through the dialogue of voices and 
                    instruments, to show us how the infinite richness of our 
                    “Mediterranean” musical diversity can provide an 
                    inexhaustible source of emotions and beauty, of dialogues 
                    and discoveries. Like Amin Maalouf, we believe that “If we 
                    are to restore some hope to our disoriented humanity, we 
                    must go beyond a mere dialogue of cultures and beliefs 
                    towards a dialogue of souls. As we stand at the beginning of 
                    the 21st century, that is the irreplaceable mission of Art.”
                    
              
              JORDI SAVALL
              New York, 10/15- October  2011
                    
                    Translated by Jacqueline Minett
              
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