Extrait du livret
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Alia Vox 
AVSA9957



Code barres / Barcode : 8435408099578

   

Auteur: Jordi Savall 

Je suis très touché de cette initiative prise par Diego Fernândez Magdaleno, de contacter quelques amis compositeurs ibériques pour qu'ils rendent un hommage créatif à un travail, à la fois personnel et collectif, de récupération et de re-valorisation du patrimoine musical hispanique et européen que j'ai eu la chance d'avoir pu développer durant ces cinquante dernières années. Je suis aussi très heureux de ce cadeau spécial que me font quelques-uns des principaux compositeurs ibériques d'aujourd'hui, pami lesquels des amis chers et de merveilleux musiciens comme Benet Casablancas, Carles Guinovarl ou Josep Soler ainsi que d'autres compositeurs hispaniques.
Tous ces excellents maîtres du langage musical d'aujourd'hui, se sont inspirés des quelques-unes des oeuvres musicales anciennes que nous avons contribué à faire connaître avec Montserat Figueras et nos amis musiciens d'HESPÈRION XX et de LA CAPELLA REIAL DE CATALUNYA.

C'est de cette manière que nous vous les présentons, tout d'abord les musiques telles qu'elles sont à l'origine, et ensuite, tel un miroir actuel reflétant dcenouveaux sons, ces nouvelles compositions pour le piano, qui s'inspirent d'elles, pour créer une nouvelle dimension musicale et expressive.
L'intérêt des compositeurs modernes et contemporains pour la musique ancienne n'est pas nouveau : dès sa jeunesse, Felix Mendelssohn s'intéresse à Bach, et à 20 ans, fait découvrir aux Berlinois la Passion selon Saint Mathieu, ou encore le jeune Anton Webern âgé de 20 ans, I'un des plus grands compositeurs modernes, qui étudie et admire l'oeuvre de Heinrich Isaak, dont il a préfacé l'édition du second volume dc son Choralis Constantinus en 1909. Ce sont des signes révélateurs de l'importance de l'influence des oeuvres anciennes des compositeurs du XIIIe au XVIIe siècles, sur la musique européenne du XXe et du XXIe siècle.

On peut aussi voir comme un grand miroir inversé l'évolution de l'intérêt pour les musiques dans le monde d'aujourd'hui, en contraste avec l'intérêt pour les musiques nouvelles contemporaines qu'il y a eu jusqu'au moment
de la découverte de la Passion de Bach par Mendelssohn en 1829.

Nous observons que jusqu'au début de ce XIXe siècle, l'on est convaincu que le progrès dans l'art de la composition musicale existe. À partir de cette idée, du Moyen-Âge jusqu'à l'époque de Mozart, l'on joue et l'on écoute majoritairement les musiques des grands compositeurs vivants, ceux qui sont à la mode et ceux qui ont le plus de succès ou ceux qui bénéficient des postes officiels à la Cour, à l'église et au théâtre, et au fur et à mesure de l'évolution du goût, l'on oublie les maîtres anciens considérés comme dépassés.

Tout I'inverse se passe depuis le commencement des années 50 : en ces années-là, les musiciens qui s'intéressent aux pratiques historiquement informées et à l'utilisation des instruments d'époque, commencent à faire découvrir et à mettre en valeur un patrimoine musical qui avait été enseveli sous les couches successives de la modernité.

Comme nous le rappelle Aldous Huxley : « Nous sommes devant des paradoxes étonnants : durant les années 1950 l'on est très informé sur I'homme du Paléolithique et du Néolithique, sur les civilisations sumérienne, hittite et minoenne, sur I'lnde prébouddhique et l'Amérique précolombienne, et sur les origines d'activités humaines aussi fondamentales que l'agriculture, la rnétallurgie ou l'écriture, tandis qu'on ignore tout sur la musique antérieure au XVIIIe siècle (1680). Pratiquement tout le monde aime la musique ; mais avant cette première moitié du XXe siècle, pratiquement personne n'a entendu de musique composée avant 1680. La poésie, la peinture et la sculpture de la Renaissance ont été étudiées dans les moindres détails, et les travaux de cinq générations d'érudits ont été mis à la disposition du public dans des centaines de monographies, d'histoires générales, d'appréciations critiques et de guides. Mais l'art musical de la Renaissance, qui était tout à fàit l'égal de la poésie, de la peinture et de la sculpture de la Renaissance, a reçu relativement peu d'attention de la part des chercheurs et est presque inconnu
 du public qui va aux concerts.

Donatello et Piero della Francesca, Titien et Michel-Ange, leurs noms sont familiers
et, en version originale ou en reproduction. leurs oeuvres sont connues de tous. Mais combien peu de gens ont entendu, ou même entendu parler, de la musique de Dufay et Josquin, d'Okeghem et Obrecht, d'Ysaac et Wert et Marenzio, de Dunstable, Byrd et Victoria ! »

Dans notre XXIe siècle, tel qu'un miroir inversé, on peut constater un total renversement de cette situation , on a
finalement découvert qu'il n'y a pas de progrès dans l'art ; chaque époque, chaque culture. chaque civilisation produit, durant les différents moments de son histoire, des formes d'art qui restent uniques, parce qu'elles sont l'expression la plus belle et la plus authentique de l'ârne humaine dans toute sa diversité.

JORDI SA\ALL
Salzbourg, I 8 janvier 2024
 

 

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