Texte paru dans: / Appeared in:
*
Opéra Magazine # 90 (12/2013)
Pour
s'abonner / Subscription information
Alpha 951
Code-barres / Barcode : 3760014199516
Pour cet enregistrement, capté en public à Versailles, en février 2012, Raphaël Pichon a choisi la version de 1744, qui gagne en continuité et en fine qualité d’écriture ce que celle de l739 portait de sauvagerie théâtrale. Avec cohérence, son travail musical sert avantageusement ce parti pris. Comme nous l’avions souligné lors du concert donné à Beaune, en juillet 2011, avec des interprètes différents pour les rôles de Dardanus et Isménor… , le socle en est une réalisation orchestrale de nature symphoniste, tournant le dos à l’idée d’un continuo moteur suivi par le reste de la matière instrumentale. Non seulement les pupitres de l’Ensemble Pygmalion sont bien tenus mais, surtout, la pensée musicale (forme et timbres) est organique.
Si essentielles à la poétique ramiste, les danses, par exemple, grouillent d’une vie instrumentale autonome, avant que d’être le portrait d’une (de la) danse. Au regard de la Weltanschauung propre à Rameau, Raphaël Pichon situe ainsi le compositeur dans la pensée des Lumières, là où Gustav Leonhardt le regardait en fiévreux cartésien, à une époque qui ne l’était plus.
Le plateau vocal est à l’unisson. Le trio des basses (Benoît Arnould, Alain Buet et Joao Fernandes) est cohérent en ses gradations timbriques et son engagement théâtral. Il en va tout autant du tandem féminin, formé par Sabine Devieilhe et Emmanuelle de Negri, fluide et alerte. Malgré son aisance vocale, Bernard Richter laisse plus sceptique en Dardanus ; un timbre assez monochrome et une neutralité expressive rendent sa prestation sans surprise. À ses côtés, Gaëlle Arquez est, en revanche, une émouvante Iphise, avec une pointe d’héroïsme. Cette réalisation constitue un pilier important de la discographie ramiste. Elle est, surtout l’indispensable complément à l’intégrale Archiv Produktion de 2000, dans laquelle Marc Minkowski défendait la version de 1739, arrachant à chaque note sa part d’urgence théâtrale.
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews
