Analyste:
Pablo Galonce
Plus connu de son vivant pour ses exploits diplomatiques au service de
Florence que comme compositeur, l'abbé Paolo da Firenze (ou Paolo tenorista)
est l'un des champions de cet automne du Moyen Age italien si riche en
découvertes, bien que son legs se réduise à une poignée de ballades et de
madrigaux dont chacun semble l'aboutissement du style complexe et ésotérique
typique de l'Italie du Nord. Pour composer ce programme (le seul disponible,
sauf erreur, consacré à Paolo da Firenze), Pedro Memelsdorff n'a retenu ici
que des madrigaux aux sujets allégoriques, Ces storie minime auraient
sans doute intrigué Italo Calvino: derrière ces textes concis mais chargés
des références érudites se cache un univers que la musique rend explicite en
de longues vocalises aux rythmes complexes et aux sonorités étonnamment
modernes. Ces exemples de « l'avant‑garde du Moyen Age » (comment ne pas
penser à Ferneyhough ?) ne sont pourtant ni d'impossibles chimères ni des
spéculations musico‑mathématiques : ils expriment une dimension ludique à
laquelle, fidèles à leur manière, s'attachent Pedro Memelsdorff et ses
acolytes. Memelsdorff ne se prive pas non plus de souligner l'atmosphère
féerique de certains morceaux, utilisant par exemple des cloches dans Era
Venus ou une fanfare annonçant la victoire de Florence dans Godi
Firenze.
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