Si le nom de Dietrich Buxtehude est familier au public
contemporain, c'est probablement en tant qu'illustre organiste de Lübeck. En
1705, Bach parcourut 300 kms. afin de l'écouter. En dépit de cette haute
marque d'admiration, la musique de Buxtehude est demeurée dans une large
mesure, inexplorée, excepté quelques pièces d'orgue. Une des raisons de cet
oubli est sans doute que la plus grande partie de sa musique sacrée vocale,
qui constitue l'essentiel de son oeuvre n'ait été seulement redécouverte,
répertoriée et publiée qu'au cours de notre siècle.
Par bonheur,
les producteurs de disques prennent conscience du trésor musical que ces
oeuvres représentent. En 1994, Channel Classics a édité un excellent disque
de six cantates par Jos Van Immerseel. En 1997, Da Capo lançait une
collection dédiée à sa musique vocale avec un CD de pièces pour soprano à
voix seule excellemment chantée par Emma Kirkby. Et toujours en 1997, Erato
rééditait dans un coffret de 4 CDs, à moitié prix, des enregistrements très
stylisés de 18 cantates abordées en 1988 par Koopman. Je vous recommande
toutes ces parutions qui méritent cinq étoiles.
Le disque de
Konrad Junghänel peut être également recommandé mais avec quelques réserves.
Cantus Cölln n'est pas suffisamment en harmonie avec le contraste des
intensités et la profondeur du sentiments ténébreux propres à la musique de
Buxtehude, ce qui donne pour résultat une interprétation globalement moins
maniérée que celle accomplie par ses concurrents. L'approche de Junghänel
semble atténuer cependant certaines des plus intéressantes et des plus
personnelles rugosités de l'auteur. L'interprétation mesurée de Nun Danket
alle Gott (Bux WV 79) saisit mieux cet air jubilatoire que la version plus
lugubre de Koopman et avec Gott hilf mir (Bux WV 34) et Ich suchte des Nacht
(Bux WV50), ils offrent deux belles pièces qui sont absentes de la
discographie précédemment citée.
GRAHAM LOCK |
If Dietrich
Buxtehude's name is familiar to contemporary audiences, it is probably as
the virtuoso organist of Lubeck whom Bach travelled 200 miles to hear in
1705. Despite this conspicuous act of homage, Buxtehude's music-with the
possible exception of a few organ pieces-has remained largely unexplored.
One reason for this neglect may be that the greater part of his sacred vocal
music, which comprises the bulk of his surviving oeuvre, was only
rediscovered, catalogued, and published within the last 100 years.
Luckily, record companies are beginning to realize what a musical
treasure-trove these works represent. In 1994 Channel Classics issued an
excellent disc of six Buxtehude cantatas from Jos van Immerseel; in 1997 Da
Capo launched a series devoted to Buxtehude's vocal music with a CD of works
for solo soprano voice, beautifully sung by Emma Kirkby; and, also in 1997,
Erato reissued Ton Koopman's stylish 1988 recordings of 18 Buxtehude
cantatas as a mid-price four-CD set. All of these releases can be highly
recommended and awarded a retrospective five stars.
Konrad Junghänel's disc can be recommended too, albeit with reservations.
Cantus Colln seem less attuned to the darker emotional undertows and dynamic
contrasts of Buxtehude's music, with the result that their performances are
generally less affecting than those of their rivals. Indeed, their slick,
highly polished approach seems to smooth over some of the composer's more
interesting, individualistic wrinkles. Nevertheless, their pacy rendition of
BuxWV79, "Nun danket alle Gott," captures its jubilant air better than
Koopman's lugubrious version, and in BuxWV 34, "Gott hilf mir," and BuxWV
50, "Ich suchte des Nachts," they offer two beautiful works not available on
the other discs listed above.
GRAHAM LOCK
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