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Diapason # 604 (07-08/2012)
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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Gaëtan Naulleau

Ce n’est pas la belle jeunesse de Musica antiqua Köln qui fait le prix de l’un de ses premiers disques (trois avaient précédé chez Aulos) mais au contraire la fière maturité que Reinhard Goebel et ses cinq complices affichaient dès 1977. Comme cela contraste, déclame et sonne, avec quelle perfection du jeu d’ensemble Reinhard Goebel, à vingt-cinq ans, se cache derrière ses lunettes et sa barbe mais sait parfaitement ce qu’il veut. Et ce qu’il refuse: le style de violon baroque développé par Sigiswald Kuijken au début des années 1970, qui fait alors partout école. Au phrasé court et léger, à l’éloquence syllabique, il oppose le « coup d’archet long et régulier sur le violon» prescrit par Schütz, italien, lyrique. Et comme la petite équipe de Cologne a tout son temps (considérable richesse de ces années où les débouchés professionnels étaient si rares), elle travaille d’arrache pied, expérimente archets et violons (la panoplie de Stainer viendra plus tard), s’acharne sur l’intonation — Goebel mise tout sur une parfaite cohésion des timbres et des rythmes, d’autant plus frappante ici que l’acoustique est très sèche. Le programme de l’album nous rappelle avec quelle perspicacité Goebel a toujours déniché les raretés. Les volte-face viriles qui ouvrent l’album dans une Sinfonia de Rosenmüller, les extravagances savamment pesées de la Bataille de Abel, les ressassements pittoresques et les cadences en queue-de-poisson des Cornemuses polonaises de Schmelzer enflamment son imagination sonore. L’intensité (de grain, de discours, d’émotion) qu’il installe et maintient dans le Lamento de Schmelzer sur la mort de Ferdinand III est phénoménale. Tout était donc prêt. L’année suivante, ils enregistraient leurs premiers disques pour Archiv.

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