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Analyste: Sophie Roughol Le rouge est mis! D’or et de feu, Joyce DiDonato livre au disque un cortège de souveraines qui embrasa la scène dans une longue tournée. Saluons l’intelligence d’un programme généreux en raretés, qui puise dans l’opera seria une galerie de reines, princesses, sorcières... Ainsi la Berenice d’Orlandini, créée en 1725 par Faustina Bordoni, qui entame le défilé avec une aria hallucinante de virtuosité rageuse. Ou encore Ifigenia (in Aulide), exhumée d’un opéra de Giovanni Porta (1738) avec le doux et déchirant « Madre diletta, abbracciami ». Deux reines d’Egypte se succèdent : Orontea (Cesti) et Cléopâtre (Hasse et Handel). L’impératrice Octavie se désespère des trahisons de Néron sous la plume de Keiser (opéra éponyme, 1705) puis dans le Couronnement de Poppée montéverdien, avec « Disprezzata regina ». Transitions soignées : à ce « Disprezzata » répond celui d’Irène (l’inusable « Sposa son disprezzata » de Giacomelli). La lumière du timbre, la conduite du souffle, la vocalise mordante nous rappellent que nous avons affaire à une rossinienne de haut vol dans « Brilla nell’alma » (Rossane, dans l’Alessandro de Handel). Partout ailleurs, Joyce DiDonato prend soin de ne pas trop afficher ce brio. Noblesse oblige. La palette de couleurs semble inépuisable. Une moire lumineuse et ductile que la déclamation ne rompt jamais. Devant une telle souveraine, que peut faire Alan Curtis, si ce n’est une révérence un peu raide? L’étrange prise de son relègue son orchestre à l’arrière-scène mais ne tempère guère l’agressivité des cordes. Déséquilibre corrigé avec les étonnantes parties de bassons obligés dans le « Geloso sospetto » de Keiser — mais que nos souffleurs semblent alors peu assurés ! Pour un programme de nature si dramatique, on aurait rêvé, avouons-le, d’un autre chef. |
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