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Analyste: Sophie Roughol Anne Sofie von Otter fréquente Monteverdi depuis quelques lustres : d’abord Messagiera pour l’Orfeo de Gardiner (1985), qui lui confiait ensuite la pathétique Ottavia du Couronnement (1995); puis un sublime Con che soavità et le Lamento d’Ariana avec Musica Antiqua Köln (récital « Lamenti »), enfin Nerone, cruel et machiavélique (belle idée de Minkowski à Aix-en-Provence, DVD Belair). Le temps a laissé son empreinte sur la voix, l’art du demi-sens, l’énergie subtile du mot sont intacts. Le genre du lamento, lévitation nourrie par la douleur, est-il le meilleur choix pour cette noblesse élégante qui peine désormais à conduire souplement une ligne?
Le métier de la Liedersàngerin lui permet de compenser
ces faiblesses par le texte: le sens, l’intelligence vive font parfois le
lien. Les extraits choisis, après une entrée en matière d’une blancheur
atone (Si dolce é’ltormento, plombé parle manque de cantabile),
semblent se diluer dans le (trop?) riche halo protecteur d’Alarcon: Pénélope
s’étire (Monteverdi, Il ritorno d’Ulisse, « Di misera regina
»), Doriclea s’applique (Cavalli), la Reine de Suède s’éteint à petit
feu(Rossi).
Leonardo Garcia Alarcón
et sa Cappella Mediterranea apportent leurs couleurs et leur aisance à
l’accompagnement. L’entente évidente du chef et de von Otter - le disque est
né de leur amitié récente — ne suffit pas à cimenter un album inégal.
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