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Analyste:
Ivan A. Alexandre La plupart du temps, deux voies s’ouvrent à qui veut enregistrer la Funeral music : soit l’associer aux funérailles de la reine Mary et lui opposer les pages plus heureuses dédiées à la souveraine, soit puiser dans le riche catalogue des anthems de Purcell. Lionel Meunier en emprunte une troisième : élargir la notion de funeral en cherchant ce qui fut véritablement joué aux obsèques de la reine (polyphonies de Thomas Morley probablement destinées aux funérailles d’Elizabeth I), y joignant les anthems funèbres écrits par Purcell en d’autres occasions ainsi que plusieurs pages de même caractère - élégie latine « O dive custos » de Purcell, Burial Sentences de Thomas Tomkins (1572-1656), déploration de Thomas Weelkes (1576-1623) sur la mort de... Thomas Morley (en 1602), marches diverses etcetera. Comme la reine Mary rejoint au ciel la reine Elizabeth, le Purcell de 1695 renoue ainsi avec les maîtres de 1603. Et c’est dans ce sens que procèdent le chef et ses acolytes. Pas la moindre trace du diable baroque sous ces voûtes Renaissance. Vox Luminis porte bien son nom. C’est à la lumière de Memling, non dans une Londres déchirée entre peste et incendie, que se déroule la cérémonie. Par le climat, la pudeur, l’esthétisme pointilleux, l’album rappelle moins la vibrante Music for Queen Mary de Westminster Abbey (Martin Neary, chez Sony) que les Funeral Sentences du Collegium Vocale de Gand (Philippe Herreweghe, chez HM). Qu’elle est douce et abstraite, notre mère la mort, quand les intervalles arides tombent si droit, quand le chromatisme paraît si mélodieux, quand le falsettiste éthéré chasse la haute-contre déclamatoire (« Man that is born of a woman » version Purcell) ! La veuve serait trop belle? Oh non ! Un tel art collectif (nous parlons du choeur, le quatuor de flat trumpets n’a pas cette distinction), un tel amour du phrasé, une si parfaite intonation, d’aussi délicates nuances, un pareil équilibre, un tel soin nous désarment. De la beauté comme s’il en pleuvait. |
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