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Naïve
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Reviewer: Roger-Claude
Travers Ne pas confondre avec L'Orlando de 1727, qui valait à Jean-Christophe Spinosi son premier titre de gloire dans l'opéra vivaldien voici une dizaine d'années. La graine a germé, d'autres chefs ont pris le relai dans l'Edition Naïve, et c'est l'équipe de Federico Maria Sardelli qui nous fait découvrir un premier Orlando de 1714, soit un an après la nomination de Vivaldi au poste d'imprésario-compositeur au théâtre Sant Angelo de Venise.
Le Rosso avait d'abord confié au jeune débutant Ristori la fable héroïco-magique imaginée d'après l’Arioste par Grazio Braccioli sur le thème du paladin amoureux jusqu'à la déraison d’Angelica, retenue prisonnière par la magicienne Alcina. Mais, insatisfait, il remania totalement la partition, conformant aux goûts du public airs et récits au fil des quarante représentations triomphales. Voici cette version « palimpseste » de 1714, reconstituée par Sardelli à partir d'un manuscrit incomplet de Turin (actes I et Il seulement). Sardelli ne s'étant pas risqué dans une réécriture très aléatoire du troisième acte, nous n'entendrons pas la folie du paladin.
Caractère bien trempé et bonne diction, Riccardo Novaro campe un solide Orlando, qui ne fait pourtant jamais oublier Lorenzo Regazzo dans son récital d'airs pour basse (2005, avec un Nel profondo » d'anthologie). Le continuo réactif et aguerri de Modo Antiquo souligne la maîtrise par le jeune Vivaldi, des codes fantasques du vieil opéra vénitien qui régissent encore les récitatifs non corsetés. Les vivaldiens gourmands des grands airs tardifs formatés par l'idiome napolitain devront se contenter ici d'une foultitude d'arias peu développées, dont Venise raffolait alors.
Le grand Vivaldi est pourtant déjà là, dans « Ah! Fuggirapido » d’Astolfo, et surtout dans «Piangerò », joyau noyé de soupirs et de déploration, divinement révélé par Philippe Jaroussky en 2004 (avec Artaserse), et délicatement abordé ici par le fragile contre-ténor David DQ Lee. Le Medoro charmeur de Delphine Galou et l’Alcina furieuse de Romina Basso, qui ensorcelle par ses da capo hallucinants, dominent une distribution de bon niveau. Exhumation précieuse. |
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