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Analyste: Sophie Roughol La découverte d’une messe inédite de Bononcini et la rareté au disque de son Stabat Mater justifient un enregistrement qui ne peut masquer les tensions d’un concert sur le fil du rasoir (janvier 2012, Konzerthaus de Vienne). En choisissant ces deux oeuvres, Rinaldo Alessandrini entend défendre un maître de la polyphonie qui joue sur le contraste entre des airs simples et des « contrepoints doubles, triples et quadruples avec parfois des instruments obligés. […] Contrairement à beaucoup de ses contemporains, Bononcini fait un usage structurel du contrepoint, au lieu d’y recourir sporadiquement pour lever les doutes sur le caractère sacré de l’ouvrage. » L’ample Messa a cinque voit-elle le jour à Vienne, où le Modénais est nommé Kapellmeister en 1705 ? Ou après 1713, quand il rentre au pays et sert la maison d’Este? Mystère. L’oeuvre, en tout cas, est ambitieuse. Les cordes soutiennent le choeur dans des tutti au contrepoint puissant (splendide doxologie du Gloria) et se mêlent aux solistes dans des ensembles (du duo au quatuor) très soignés. L’absence de solos participe à la cohérence du tout, comme si la primauté du Verbe était attribuée au collectif. Le Stabat Mater décline toute la rhétorique musicale de la douleur sur une assise contrapuntique solide. Chez Alessandrini et son choeur, les qualités de mise en place de l’architecture sonore et de projection s’imposent. Des solistes très inégaux (quelle véhémence chez les ténors !), on retient Raffaella Milanesi, Andrea Arrivabene et Sara Mingardo (le « Fac me vere tecum flere » du Stabat est le sommet du disque). Mais que ce concert est fébrile ! L’inquiétude du chef cherche appui dans une scansion métrique qui brise l’élan discursif, les transitions frôlent l’acrobatie (fin du Sanctus), la justesse chancelle ( « Quis es homo »). Quelques instants finaux enfin épanouis rachètent cette résurrection inaboutie, certainement passionnante pour les spectateurs du Wiener Konzerthaus. |
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