Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste: Roger-Claude Travers Routard pourtant chenu en terres vivaldiennes, Sergio Azzolini signait l’an passé l’acte fondateur d’une révolution. Le basson du Rosso n’était plus, sous sa colonne d’air, une énigme. Un Diapason d’or de l’année récompensait la première étape de l’intégrale que nous promet l’édition Vivaldi (cf. n° 581). Son intuition fut d’utiliser, pour restituer ces étranges oeuvres de maturité, une ingénieuse grille de décodage. En voici la nouvelle illustration, tout aussi pertinente et savoureuse. L’idée est simple. Signor Fagotto (le basson) est un personnage de théâtre, mais un personnage en perpétuelle métamorphose, le dieu Protée en personne dont les interventions colorent un kaléidoscope d’affects avec la pleine complicité- complémentarité de l’orchestre. Il souligne la variété des petites cellules thématiques, saynètes friponnes, vivantes ou tendres, et cela le plus naturellement du monde. Ce qui avec d’autres tournerait vite à la caricature captive. Azzolini — qui fait tant penser à Roberto Benigni quand il parle — est né acteur. Il a appris ensuite à souffler. Quand le premier mouvement du RV 483 s’emballe à toute allure sur un rythme de locomotive, l’éloquence virtuose dans les notes détachées et les qualités d’articulation ébouriffent. Le jeu du grotesque ne l’intimide pas davantage; il ose dans le finale du RV 504 le caquètement, l’imitation du fumeur de bouffarde ou le naïf chantonnement. Souvent en pur style récitatif, le mouvement lent est le moment où s’exprime sa vocalité succulente. Ses compagnons de L’Aura Soave Cremona participent pleinement au jeu de masques. Tour à tour solennels et un peu baveux dans le RV 470, pâte consistante mais ductile dans le RV 490, ou simplement attentifs aux fantaisies de leur soliste, ils enchantent. Tenir tête aux « gueuleries » cocasses du basson dans le finale du RV 472 demande un aplomb certain. Ils n’en manquent pas. Vite, la suite!
|
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |