Texte paru dans: / Appeared in: Code-barres / Barcode: 709861305131 |
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Reviewer: Roger-Claude
Travers
Fin 1718, l’Opéra de Mantoue,
contrôlé par le toujours célèbre » Vivaldi, compositeur imprésario à la
mode, met à l’affiche Teuzzone sur un livret d’Apostolo Zeno. Son
intrigue avait d’ailleurs déjà séduit plusieurs musiciens. Car si le tableau
tient de la chinoiserie de pacotille, les codes sont respectés et la
structure solidement construite autour de Zidiana, la méchante de service. Vivaldi, à son habitude, recycle pour moitié d’anciens airs et compose les autres ainsi que les récitatifs. Les merveilles abondent, comme « Ti sento » (sur un thème du Concerto op. 10 nº5) ou « Di trombe guerriere ». Cecilia Bartoli avait d’ailleurs retenu cette cavatine pour terminer son « Vivaldi Album ». Paolo Lopez a peu d’atouts pour lui tenir tête. Quelle idée, confier à un sopraniste le rôle-titre que Vivaldi destinait à une diva magnifique, la Campioli ! Si peu de substance entre ses aigus instables et ses graves décharnés. Le superbe « Antri cupi, infausti orrori », descente aux Enfers glaçante, devient une promenade de santé. Sa prudence est aussi celle d’un chanteur enregistré en concert, essayant d’assurer à défaut d’incarner. Raffaele Milanesi manque d’envergure en cruelle usurpatrice. Rappelez-vous « Vedi le mie catene » par Sonia Prina, prodigieuse d invention, d’esprit, de couleurs (cf son récital « Arie ritrovate ») ! Sa Zidiana se traîne et partage avec Furio Zanasi une indifférence coupable dans les récitatifs. Comme seconda donna, Roberta Mameli s’en sort mieux avec pourtant des moyens modestes. La vraie découverte est la Zelinda de Delphine Galou, biche effarouchée dans « La timida cervetta », volubile dans les ornements d’« Un aura lusinghiera ». « Guarda in quest’occhi e senti » nous met à genoux : voix prenante, touchante, cajolée par les caresses savalliennes. La distribution reste en deçà du standard auquel l’Édition Vivaldi nous a habitués. Et surtout l’idéal Teuzzone rêvé par Jordi Savail, excellent dans les scènes de panache comme dans les airs métaphoriques, méritait l’approfondissement du studio. L’indigne gravure de 1996 par Sandro Volta (Tactus) est oubliée, mais la référence reste à venir.
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