Analyste: Roger-Claude Travers
Extraits:
"Il
fallait la folie poétique d'un Azzolini pour percer l'ultime secret,
peut-être, du monde concertant vivaldien, celui des pages pour basson. Leur
abondance (trente neuf!) intrigue depuis toujours les spécialistes, qui
s'interrogent encore sur leurs destinataires. On sait toutefois que la
plupart datent de la fin de sa vie, et sont donc contemporains des concertos
pour violon … Ils offrent en somme, leur pendant : Vivaldi écrivant pour le
basson, met en scène un double de lui-même, plus grave, plus pittoresque
qu’un archet racé, mais tout aussi virtuose et animé par une série
kaléidoscopique de sentiments. Au crépuscule de l’âge baroque, les sombres
et lyriques largos saluent l’avènement d’un style plus sensible que galant,
à l’instar d’un Tartini intime des dernières sonates pour violon seul. Si le
squelette formel des ritournelles et épisodes structure toujours les
mouvements vifs, la ligne de basson quitte vite la simple figure
instrumentale et devient chant incarné, s’exprimant par affetti
changeants. Vivaldi, homme d’opéra, conçoit ici des scénarios qu’Azzoli
décrypte en véritable poète ».
« Si la
basse continue inventive et affûtée est à la mesure de son héros, les
archets de L’Aura Soave manquent parfois de soyeux. Une vétille en regard de
leur imagination, et des émotions distillées par un soliste inouï ».
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