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Medhi Madhavi Deux siècles avant Les Troyens de Berlioz, La Didone de Cavalli suit Enée à Carthage après avoir dépeint la chute de Troie. Ses ruines embrumées, qui font planer sur la mise en scène de Clément Hervieu-Léger l’ombre de son maître Patrice Chéreau, passent mal à l’écran. Dès lors, la caméra d’Olivier Simonnet scrute les gestes, les regards. Ces corps expirant prennent alors la pleine dimension tragique qui leur échappait sur le plateau du Théâtre de Caen. Mais point de miracle à Carthage, toujours figée par un terne badinage de dieux trop ordinaires suggérant à peine les ruptures de ton de l’opéra vénitien du XVIIe siècle. Celles-là mêmes que William Christie exalte à la tête de ses Arts Florissants, par le contraste entre la profusion instrumentale des ritournelles et les variations d’un continuo économe de timbres mais jamais d’éloquence. Et avec un plateau vocal difficilement égalable. La justesse de l’expression, souvent véhémente, l’emporte, chez tous, sur la beauté du son. Maria Streijffert noie le lamento d’Hécube dans un vibrato de matrone, et le contre-ténor ingrat de Terry Wey prive Ascanio de sa jeunesse. Xavier Sabata habite la folie tragi-comique de Iarba, prétendant éconduit puis finalement exaucé de la reine Didon, que la fin heureuse du livret de Busenello condamne à vivre. A cet instant, sommet d’une incarnation portée par une déclamation haletante, le mezzo incandescent d’Anna Bonitatibus part en cendres, comme une ultime blessure infligée à la cuirasse d’Énée. Voix de bronze nuancée par la fatalité des adieux, Kresimir Spicer revêt ladite cuirasse en héros mâle et poétique. Et, malgré ses menus défauts, finit d’imposer ce DVD en tête de la maigre discographie du chef-d’oeuvre épique de Cavalli. |
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