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Analyste: Olivier Rouvière Quatrième volume Zelenka de l’Ensemble Inégal, et toujours le même bonheur. La direction d’Adam Viktora, très théâtrale sans cesser d’être détendue, gère avec naturel les différents caractères de cette musique prodigieuse. A la tête d’ensembles « de chambre » (dans les choeurs, les solistes sont rejoints par deux ripiénistes), Viktora parvient à tenir le juste milieu entre rutilance chorale héritée de la tradition catholique et effusion individuelle réclamée par un auditoire largement protestant (rappelons que le patron de Zelenka, l’Electeur de Saxe, dut se convertir au dogme romain pour monter sur le trône polonais). C’est surtout vers l’emphase du style jésuite que regardent les deux partitions ici choisies, particulièrement la Messe à saint Joseph (1732 ?), la plus riche, d’un point de vue orchestral, du corpus sacré légué par le Bohémien. D’une architecture moins ambitieuse que les trois grandes messes des années 1740 (sublimées par Bernius), elle omet le Credo, mais agrémente le Gloria de parties virtuoses pour flûtes, hautbois, bassons, cors et trompettes, ose un Et in terra pax vivaldien (les concertos « dresdois » offerts par le Vénitien à Pisendel n’avaient qu’une quinzaine d’années) suivi d’un Laudamus Te bucolique lorgnant Versailles. La soprano, qui doit atteindre le contre-ré dans le Sanctus, entonne un langoureux Benedictus digne de Hasse (fort bien réussi par Hana Blazikova), notes piquées et vocalises sont constamment réclamées du choeur — certes pas encore au niveau d’un Monteverdi Choir, mais la phalange tchèque n’a que dix ans... Moins démonstratives, les Litanies à saint François Xavier(1727) pâtiraient d’un texte répétitif (près de soixante « ora pro nobis » dans le texte original!) si Zelenka ne réussissait à les structurer en séquences harmoniquement individualisées, parmi lesquelles une « aria di tempesta » pour basse (superbe « Fugator daemonum » de Marian Krejcik) suivie d’un solo rêveur pour alto (décevant contre-ténor). Un peu moins de fougue, ici, peut-être bridée par des accompagnements répétitifs bien qu’ingénieusement instrumentés, et une seconde soprano au timbre nasal. Mais, une fois encore, l’Ensemble Inégal parvient à évoquer en musique les couleurs baroques des églises tchèques... |
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