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Analyste:
Nicolas Derny Au sein de la jeune génération des ensembles « baroque » tchèques, Adam Viktoria et son équipe ne sont pas les seuls à s’attacher aux partitions méconnues de Zelenka, mais les seuls à y mettre tant de théâtre, qualité ici inestimable. La générosité du geste et des couleurs, qui valait un Diapason Découverte à leur exhumation de la Missa Sancti Josephi (cf n°589), nous séduit autant dans le sixième volume de la série. Viktoria propose l’inédit en hors-d’oeuvre. Réservé aux ténors agiles, le motet Gaude laetare exaltait, en 1731, la Trinité avec un mélange de galanterie et de brio du dernier cri. Makoto Sakurada se joue avec élégance des chausse-trappes dont regorge ce catalogue de difficultés vocales. En maître artificier averti, le chef sait quelles mèches allumer pour consteller la vaste aria initiale et l’Alleluia de couleurs mirifiques. Un régal! Passant de la majeur à la mineur, l’album se poursuit avec la première des cinq grandes messes que Zelenka compose entre 1736 et 1741. Le mélomane pouvait découvrir cette oeuvre à l’instrumentation assez légère mais à la palette profuse dans la gravure alerte de Marek Stryncl en 1994 (une acoustique trop opaque défavorisait ce disque où brillait la toute jeune Kozena) puis sous la direction plus posée de Wolfram Wehnert (1995, Thorofon). Si Viktoria se plaît à creuser les contrastes dynamiques, à aiguiser les angles et l’articulation, quitte à gifler parfois l’auditeur, il fait également merveille dans les atours mélancoliques du premier Agnus Dei (où deux chalumeaux répondent aux lignes suavement mêlées de la basse et du ténor). Les aigus délavés de Gabriela Eibenova déparent in sextuor de fervents solistes, ou l’on retrouve l’excellent Carlos Mena en diacre de luxe (Christe Eleison). L’équilibre du choeur n’est pas idéal mais la manière dont Viktoria érige sa cathédrale sonore impressionne. Quel monde entre la structure robuste de Wehnert et l’architecture flamboyante déployée ici ! Fallait-il graver à nouveau cette messe, quand tant d’autres de Zelenka (quasiment la moitié de celles qu’il a écrites) attend toujours les honneurs du disque? La question se pose. Mais on sait maintenant, sans hésitation, où la trouver. |
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