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Analyste: Philippe Ramin Encore peu connue du public, Kay Ueyama jouit d’une enviable réputation auprès de maîtres du clavecin tenus pour difficiles. Marque d’audace ou d’inconscience, s’attaquer aux Goldberg pour un premier disque en solo peut étonner à l’heure où une cohorte de quadragénaires se pressent autour des micros en invoquant les bénéfices de l’âge. Pourtant la vision d’Ueyama est profonde, mature, émouvante, parfaitement organisée, et ouvre le bal par une aria d’une splendeur désarmante qui évite les pièges courants de l’emphase. On sent très vite que la beauté du toucher, l’usage très judicieux du surlié, le contrôle de la pulsation permettront aux lignes de s’épanouir avec fluidité. L’interprète possède un sens aigu des possibilités et des limites de son instrument et sait exactement comment faire sonner les textures admirables du Ruckers de Neuchatel — un somptueux clavecin, bien connu au disque par la série Bach que Rousset a gravée dessus. La prise de risque n’opère pas dans le champ de la pure virtuosité mais dans la capacité à faire vivre le cantabile au gré de tempos parfaitement étudiés. Les variations les moins complexes sont révélatrices de cet équilibre merveilleusement abouti (Variation VI Canone alla Seconda, Variation IX Canone alla Terta, etc.), et les danses prennent leur élan sur une pulsation sensuelle et ludique (Giga VII). La lenteur (Variations XV et XXV) réussit également au tempérament de la jeune claveciniste qui en tire les accents les plus émouvants entendus depuis belle lurette. Gageons que cette version de très haut niveau comptera longtemps parmi les références d’une discographie qui ne manque pas de sommets. Et guettez l’artiste au concert, car elle ne vit plus aux antipodes mais chez nous, à Paris. |
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