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Denis Morrier 1603 :l’imprimeur napolitain Constantino Vitale publie simultané ment deux livres de motets de Gesualdo, destinés aux divers temps liturgiques. Le Liber primus à cinq voix nous est intégralement parvenu, et a fait l’objet de plusieurs enregistrements (tel celui de Livio Piccotti et son ensemble padouan, Argo). En revanche, les parties séparées de Bassus et de Sextus du Liber secundus (qui renferme des pièces à six et sept voix) sont aujourd’hui perdues. Ces oeuvres semblaient donc vouées à demeurer pour toujours inaudibles. Jusqu’à ce que James Wood décide de « recomposer » les parties manquantes, suivant des principes contrapuntiques rigoureux, longuement exposés dans un article disponible en ligne. Ces motets inédits révèlent un visage singulier de Gesualdo : celui du serviteur fidèle de la Contre-Réforme, digne neveu de saint Charles Borromée. Se détournant de ses expérimentations madrigalesques, il paraît surtout soucieux de transparence contrapuntique et d’équilibre rythmique entre les voix. Ni dissonances, ni chromatismes saisissants, mais tout distingue une écriture raffinée et une maîtrise de l’art des fugues et des canons. La réalisation sonore de James Wood se veut aussi conventionnelle que les oeuvres qu’il a « réinventées » : son interprétation majoritairement chorale (avec seize chanteurs en tout, les motets les plus « intimes » étant dévolus à des solistes) est soumise à une vigilante conduite des voix, souple, efficace. Il arrive que l’attention soutenue au texte se fasse trop insistante, presque parodique dans les consonnes chuintantes et les sifflantes. On regrette quelques attaques maladroites, l’hétérogénéité des timbres (parmi les altos notamment), et surtout la justesse parfois détaillante (sopranos en particulier). La démarche n’en demeure pas moins méritoire, et témoigne du savoir-faire qui s’est mis en place dans la reconstitution des sources lacunaires, terrain fertile de la musicologie moderne. |
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