Analyste: Philippe Ramin
Il est particulièrement mal aisé de faire passer au disque
l’enthousiasme spontané des musiques festives et extravagantes, aux
dispositifs instrumentaux très divers, dont la cour d’Autriche se
divertissait quand Schmelzer la servait. Le consort issu du Freiburger
Barockorchester y parvient haut la main, en contournant le piège de
l’anecdote et des effets faciles. La modernité et la bizarrerie de
l’écriture sont rendues avec une grande saveur, sans recourir à des
surprises qui se trouveraient éventées à la seconde écoute. On est
franchement amusé par les Polnische Sackpfeiffen (cornemuses
polonaises) qui présentent des mélodies populaires avec une audace étonnante
dans les changements de mesure ; la justesse de la pulsation des danses, et
le soin apporté aux mouvements lents (Lamento, sarabande) ont de quoi
réjouir. La Sonata amabilis est un modèle de sensualité et d’élégance
inspirée où les deux violons et les deux violes rivalisent de subtiles
séductions dans un discours très italianisant, nourri de riches harmonies.
L’usage des percussions, très pertinent, enrichit véritablement les textures
sans se cantonner à de simples renforts rythmiques. Une réalisation très
aboutie sur le plan technique et parcourue par un vent de vraie liberté.
Fermer la fenêtre/Close window |