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Diapason # 610 (02/2013)
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Glossa
GCDP32107



Code-barres / Barcode : 8424562321076

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Isabelle Ragnard


Ce premier volet, « Ossuaires », évoque le démembrement des corps saints et la circulation des reliques dans l’Europe médiévale en prenant pour exemple sainte Elisabeth de Hongrie, morte en 1231, dont le coeur fut transféré à la cathédrale de Cambrai. A priori, le choix du répertoire, illustrant les liens entre la Hongrie et le nord de la France, est très pertinent : cinq répons monodiques issus de l’office de Sainte-Elisabeth composé peu après sa mort, un motet à deux voix (Un chant renvoisie / Decantatur) élaboré sur l’un de ces répons, et la plus ancienne lamentation mariale hongroise, transmise sans musique mais qui serait l’adaptation libre d’un planctus parisien. Cette sélection raisonnée semble pourtant secondaire dans un projet esthétique voulant radicalement « revisiter le cathédralisme (sic) par l’interprétation musicale », et qui s’y emploie dans toutes les techniques de polyphonies attestées entre le IXe et le XIIIe siècles. Les cinq répons sont ainsi prétextes à des improvisations dans le style archaïque de l’organum parallèle, ou librement inspirées de fragments d’organa de l’École de Notre-Dame (on reconnaît par exemple le graduel Viderunt Omnes de Pérotin dans le verset lam vicino du répons Ante Dies exitus).

L’expérience est aussi attirante que la réalisation est éprouvante. Cette transposition sonore de l’image de la dislocation des corps sanctifiés se traduit par une dégradation des textes, rendus méconnaissables après des changements de voyelles, et une segmentation outrée des pièces en fragments polyphoniques hétérogènes. L’omniprésence de bourdons pesants, le manque de justesse et la rugosité ostentatoire des voix provoquent un réel inconfort. Tel un « corps monstrueux », cet étrange objet trouvera donc sa place dans les cabinets de curiosités.

 

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