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Diapason # 611 (03/2013)
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Glossa 
GCD922801




 Code-barres / Barcode : 8424562228016 (ID275)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Denis Morrier
 

Le sixième et dernier livre de Gesualdo est un monument, où le prince-assassin consigne le fruit de ses expérimentations les plus extrêmes. La préface, en révélant que certains madrigaux ont été écrits bien avant la publication (1611) , donne au recueil une dimension anthologique et testamentaire. Les hardiesses harmoniques atteignent des sommets dans Resta di darmi noia et dans l’extraordinaire Moro lasso, qui s’ouvre par un glissement chromatique à toutes les voix. Des commentateurs frappés par l’enchaînement inouï des premiers « accords » y ont vu des prémonitions wagnériennes, ou des affinités avec les humeurs des lieder de Wolf... Paradoxalement, ces emblèmes de « l’avant-garde du passé » se font plus rares au disque que le Cinquième Livre (1611 aussi). Divers madrigaux figurent dans les anthologies mémorables des Arts Florissants et du Concerto Italiano, mais les intégrales du Complesso Barocco et du Kassiopeia Quintet sont désormais reléguées aux oubliettes par celle de La Compagnia del Madrigale — formée par de brillants transfuges du Concerto Italiano et de La Venexiana.

Les options sont aussi rigoureuses qu’efficaces : révision et confrontation des trois sources (1611, 1613 et 1616), diapason grave dans les pièces notées en chiavette qui, en regagnant des tessitures « naturelles », évitent toute emphase expressive.

L’album de Curtis illustrait l’intérêt (et la légitimité) d’une parure instrumentale : La Compagnia préfère miser sur la transparence que favorise un strict a cappella. Jusque dans ses tournures les plus tortueuses, le contrepoint reste d’une parfaite limpidité, qui profite aux mots : « O mon doux trésor, ne me regarde pas si je meurs, car ton regard vital empêche que je sois consumé du feu qui me brûle. Ah, regarde-moi quand même, mon âme, afin que ma mort devienne vie. » Les contorsions doloristes des poèmes ont trouvé leurs maîtres ! Le savoir-faire de ces madrigalistes impressionne.

L’intonation ne vacille jamais sous les hardiesses de l’harmonie, et leur aisance apporte une suavité troublante à ces partitions que d’autres ont plombées sous les outrances tragiques. Quelles voix ! Les timbres sont superbes. L’alternance de trois sopranos plus ou moins doux ou brillants répond à la variété des musiques. La souplesse dynamique est stupéfiante, chaque répétition de mot ou de phrase est modelée par une variation de son, de nuance, de couleur...

Le Sixième Livre trouve enfin une version de référence. Du vrai madrigal de cour, au comble de sa pureté et de son raffinement.

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