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Sophie Roughol San Gennaro - saint Janvier - est I’objet d’une forte dévotion à Naples depuis l’arrivée de ses reliques en 1497. On lui élève, au Duomo, une somptueuse chapelle particulière entre 1527 et 1646, avec pour trésor le reliquaire contenant deux fioles de son sang. Pour le faste des trois grandes cérémonies annuelles, on dote cette chapelle d’une institution musicale à la direction très convoitée. Cesare Netti, le premier Maestro del tesoro, et Francesco Provenzale, qui lui succède, sont absents du beau projet d’Antonio Florio. Celui-ci préfère se dévouer aux maîtres suivants : Cristofaro Caresana (1640-1709) et Nicola Fago (1677-1745). Les rejoignent deux compositeurs de la chapelle du vice-roi de Naples, vivier des talents recrutés par la confrérie de San Gennaro : le jeune Domenico Scarlatti (1685-1757), et le méconnu Gaetano Veneziano (1665-1716). Le musicologue Dinko Fabris dévoile un inédit de Scarlatti, le motet à cinq voix Antra valles (1701), choeur bref en dialogue encadrant les versets en solo ou duo. Parmi les autres, reconstitués par Florio, signalons l’original Stabat Mater de Fago à quatre voix (et non deux selon le modèle scarlattien) et trois hymnes de Veneziano. Programme passionnant... La protection de saint Janvier n’empêche pourtant pas Florio de le saccager, dans une aridité doctrinaire qui trouve ici ses limites : la prestation de Pino De Vittorio dans le Stabat Mater conclusif en est l’un des versants, vide d’intention. L’autre étant la laideur du timbre de Rosario Totaro, qui écrase les tutti de sa véhémence. Comme l’acidité tranchante des cordes, le refus de tout pathos, la discordance comme expression d’une veine populaire dont on se demande si elle eut réellement droit de cité dans ce contexte. Est-ce bien le même Florio qui conviait la voix moirée de Valentina Varriale pour des Tenebrae des mêmes Caresana et Veneziano ? Tout cela fige le sang. |
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