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Analyste: Denis Morrier Quelle aventure ! La totalité de la musique vocale de Sweelinck — projet titanesque — est maintenant disponible avec ce Volume II, qui nous parvient après le dernier et sera certes moins accessible pour le mélomane non averti. C’est, des trois volets, à la fois le plus austère et le ambitieux. On y découvre, douze heures durant, le grand-oeuvre d’un Sweelinck calviniste au service du psautier genevois. Les « vers françois » traduits par Marot puis de Bèze étaient, dans la fameuse édition de 1562, assortis de mélodies de Louis Bourgeois, Guillaume Franc et d’un certain « Maître Pierre ». Le Français Goudimel prenait la relève avec trois psautiers complets mis en polyphonies, puis Sweelinck avec quatre «Livres de psaumes» (1597-1621), soit cent cinquante-trois compositions fondées sur les mélodies et les poèmes français du psautier genevois. L’ampleur du monument impressionne plus encore si l’on considère la variété de l’écriture. Un véritable « Art de la fugue » Renaissance. Le traitement du cantus firmus revêt les plus diverses formes: psaumes parfois simplement strophiques, parfois « composés tout du long » , dans un perpétuel renouvellement modelé sur les textes. Dans ce répertoire exigeant et dans un a cappella de solistes « sans filet », le Gesualdo Consort fait à nouveau l’éblouissante démonstration de son aisance: homogénéité de timbre (clair et chaleureux), pureté de l’intonation, transparence du contrepoint, intelligibilité des paroles (dans une prononciation « restituée» sans manières), une souplesse dynamique qui accompagne mot à mot, phrase à phrase, jusqu’à l’émotion la plus juste.
Les polyphonies sont précédées par la mélodie originale
genevoise, ce qui permet de la repérer pour la suivre au coeur des entrelacs
les plus complexes. Quelques pièces instrumentales viennent ponctuer cette
épure calviniste: des arrangements de psaumes pour luth, et surtout de
subtiles fantaisies et autres Orgelvaraties, admirablement touchées
par Bemard Winsemius. Clef de voûte du monument Sweelinck, cet opus est
l’une des plus admirables entreprises discographiques des dernières années.
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