Analyste: Harold Lopparelli
Jordi Savall et Jonathan Dunford s’étaient déjà aventurés
dans les Suites pour viole seule de Demachy. Paolo Pandolfo grave à son tour
quatre d’entre elles et consacre à ce musicien des lignes qui lui permettent
à la fois d’expliciter sa démarche d’interprète, et d’enrichir l’image d’un
violiste-compositeur jusqu’ici coincé entre Sainte-Colombe et Marais, et
réduit à être l’auteur des premières pièces de viole publiées en France.
Pandolfo voit Demachy comme un défenseur du «jeu d’harmonie » qui aurait
écrit de la musique de danse.., position intenable en pratique? Les pièces
vives sont le plus souvent pressées, heurtées et en définitive brutalisées,
tandis que celles qui se jouent plus lentement le sont de façon parfois trop
littérale et même prosaïque: en faisant confiance à l’auditeur pour
reconstituer les phrases par-delà le déroulé des accords, le violiste prend
le risque qu’on n’y entende rien, comme aurait pu dire Daniel Arasse. A
l’écoute des pages qui foncent (trop) droit au but ou de celles qui tournent
en rond, on regrette que les choix faits ici aient abouti à cette sécheresse
peu avenante.
Le violiste qui gravait en 2005 un superbe disque consacré
aux solos de Sainte-Colombe (Diapason d’or, cf nº
530) aurait sans doute fait des merveilles dans ce répertoire somme toute
voisin... C’était un certain Paolo Pandolfo.
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