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Analyste: Jean-Luc Macia Pieter Wispelwey a déjà enregistré par deux fois les Suites de Bach, en 1990 puis en 1998, deux albums Channel Classics dont le second avait été salué par un Diapason d’or (cf no 452) puis retenu dans les six meilleures versions de notre comparatif des Suites (cf no 582). On retrouve dans sa troisième lecture une générosité vraie des phrasés, des rubatos subtils, de brusques élans exaltés, des mouvements lents assez sobres. II y a quatorze ans, le Néerlandais frappait par une certaine intériorité, son tact et la volonté de suggérer à mi-voix. La nouvelle version atteste une évolution: les attaques sont plus franches, les contrastes plus marqués comme le montrent les préludes des Suites nos 1 et 3, au débit plus tranché. En contrepartie, on regrettera quelques défauts d’intonation, des fausses notes ne compromettant pas l’émotion qui se dégage, par exemple, des sarabandes. Le Prélude en mi bémol, toujours périlleux (saut avec des doigtés de violon, à la viola da spalla), est particulièrement nerveux. Mais deux nouveautés rendent cet album passionnant. Wispelwey a d’abord choisi d’accorder ses instruments (Pieter Rombouts de 1710 et un violoncelle piccolo anonyme du XVIIIe pour la Suite n° 6) au diapason de Cöthen à l’époque de Bach, soit le la à 392 Hz, un demi-ton en dessous de l’accord habituel des baroqueux (415 Hz), ce qui explique cette impression de verdeur et parfois de rugosité, cette absence de suavité des sonorités. Second atout: un DVD « bonus » qui, publié séparément, mériterait un Diapason d’or. Le virtuose y parle de son approche des Suites, démontre, instrument en mains, l’apport de l’accord à 392, et dialogue avec deux grands spécialistes de Bach, Laurence Dreyfus et John Butt, dont les analyses sont magistralement éclairantes. Le propos est illustré par des extraits de concert filmés dans une chapelle d’Oxford, peu de temps avant l’enregistrement, avec un accord à 415 Hz. Le tout nous vaut un solide décryptage du célèbre cahier de Bach. On y apprend au passage que Wispelwey compte encore enregistrer trois fois les Suites. Six fois six: cela tomberait sous le sens! |
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