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Analyste: Gaëtan Naulleau Texte intégral: En 1975 et 1992, Jordi Savall gravait l’alpha et l’oméga de son périple dans les cinq livres de Marais. Si le claveciniste a changé (Blandine Verlet puis Ton Kookman ont remplacé le continuo impressionniste d’Anne Gallet), si le maître catalan a relu vingt ans plus tard quelques pièces du recueil (Les Voix humaines dans un récital homonyme, les Folies d’Espagne dans le panorama Folias), si la parution du Troisième Livre a pu bénéficier de la lumière éblouissante du film que l’on sait alors que celle du Deuxième était réservée à un « public averti », l’approche de Jordi Savall brille néanmoins par son impressionnante constance.
Tout –
technique, attitude, style, semblait prêt dès 1975 pour renouveler
radicalement notre vision de la musique au Grand Siècle. Comme plus tard
dans Les Nations de Couperin et des motets de Charpentier,
Savall opposait à ses collègues flamands et germaniques une souplesse
incisive du mouvement, une italianité précoce de la langue et une
versatilité sensuelle des affects. Qui avant (et après) lui a concilié à ce
point virtuosité, mysticisme et noblesse ? Qui d’autre a suggéré les
langueurs complaisantes de la Plainte en ré sans altérer leur
mélancolie sincère ? Qui a su invoquer les mystères de la nuit dans ces
Voix singulièrement humaines, et rendre au Grand ballet
son flamboyant tempo de gavotte en distillant des confidences amères ? |
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