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Analyste: Ivan A. Alexandre Dans le
sillage d’un Gardiner et d’un McCreesh, Harry Christophers se détourne
ostensiblement du plus récent René Jacobs. Nous avions quitté le premier roi
d’Israël sur une montagne d’intentions pittoresques et sophistiquées, le
voici net et brut, sans vertige mais d’une clarté, d’un élan magnifiques. Le
choeur, notamment, franchit les obstacles avec un calme dans la véhémence
qui force l’admiration. Du premier Hallelujah, justement senti comme
une apothéose prématurée, à la déploration qui ouvre la longue élégie finale
Dommage que l’orchestre ne les prenne pas pour modèle. Peu nourri, débordé par ses cuivres ou, dès l’Ouverture, par les cordes pincées (mais pourquoi exhiber si tôt la harpe rédemptrice de David ?), le souffle collectif, le paysage intérieur, l’étrangeté archaïque de la Marche funèbre lui échappent. Rien de rédhibitoire cependant : d’un bras ferme, le chef tient ses troupes avec assez de vigueur pour que l’attention ne faiblisse jamais. Vocalement, la fête commence on ne peut plus mal. La demoiselle à qui est confié le rôle il est vrai agité de Merab, sœur du roi, donne ici ce qu’on a entendu de plus prosaiquement vibré, de plus sec et de plus criard en terre handélienne depuis longtemps. Mais très vite, tout rentre dans l’ordre. Sans égaler les Rolfe-Johnson, les Ainsley, les Padmore dont le disque conserve la mémoire, le jeune Robert Murray tient honorablement la partie de Jonathan. Pour préserver les coeurs chastes, David, rôle presque toujours tenu par un contre-ténor (Esswood, Scholl, inoubliables), est ici confié à la mezzo Sarah Connolly, handélienne exemplaire qui dessine, elle, un personnage, vaillant et ingénu. Superbe Saül de Christopher Purves, bien noir et torturé comme on les aime. Promettons enfin la plus jolie carrière à la soprano américaine Joélle Harvey, le charme incarné. Assez d’atouts, on le voit, pour joindre ce nouveau Saül à nos deux ou trois élus au sein d’un catalogue plutôt généreux. |
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